Situé le long du Mississippi, le Port de la Nouvelle-Orléans (Port NOLA) est un port multifonctionnel en eaux profondes dispose d’un accès inégalé à plus de 30 grands centres intérieurs, via un réseau de plus de 23 000 kilomètres de voies navigables, 6 chemins de fer de classe I, et un système autoroutier inter-États pour le transit continental de marchandises vers les États-Unis, mais aussi le Canada et le Mexique. Port NOLA est l’hôte cette année du colloque GreenTech qui se tiendra dans la Big Easy.
« Le fret, les services ferroviaires, les immeubles industriels et les activités de croisière génèrent des recettes annuelles d’environ 100 millions de dollars pour l’État de la Louisiane », explique la directrice du marketing, des communications et de l’engagement communautaire de Port NOLA, Stacey Schexnayder. « L’administration portuaire finance elle-même toutes ses activités, sans aide de l’État ou du gouvernement fédéral. »
Voilà déjà dix ans que Port NOLA compte parmi les participants certifiés de l’Alliance verte.
Grâce au cadre de l’Alliance verte, nous pouvons cibler les initiatives durables les plus efficaces, explique Emily Federer, responsable du développement durable de l’administration portuaire. Ça nous a vraiment aidés à mesurer nos valeurs de référence et nos progrès ultérieurs.
C’est à l’indicateur de performance sur le leadership environnemental que Port NOLA a réalisé les plus importants progrès. « Lorsque le port s’est joint à l’Alliance verte, notre directeur de l’époque doutait vraiment de pouvoir rallier les exploitants de terminaux de marchandises, rappelle Mme Federer. Et aujourd’hui, plus de 99 % de nos marchandises sont manutentionnées par des exploitants de terminaux certifiés, comme New Orleans Terminal, Ports America (Nouvelle-Orléans), QSL America (Nouvelle-Orléans) et SSA Marine (Nouvelle-Orléans). »
Conception responsable d’un nouveau terminal
De concert avec Ports America et Terminal Investment (la société mère de New Orleans Terminal), le Port de la Nouvelle-Orléans procède à des investissements communs de 1,8 milliard de dollars pour la construction d’un nouveau terminal à conteneurs.
L’administration portuaire a obtenu des subventions de près de 300 millions de dollars pour ce projet, qui devrait s’achever en 2028. Des terrains supplémentaires de près de 486 hectares ont été acquis pour avoir la superficie nécessaire, dont près de 162 hectares sont déjà réservés à la construction du nouveau terminal à conteneurs.
« La conception se fait en tandem avec les terminaux, et nous voulons utiliser l’outil Envision qui fournit un cadre et un système d’évaluation de la durabilité pour le développement d’infrastructures de manière plus durable, résiliente et équitable, explique Mme Federer.
Pour le remblai des terrains, nous voulons aussi utiliser du sable provenant de dragage local pour éviter le transport par camion jusqu’au site.
L’alimentation à quai figure d’ailleurs parmi les principales priorités au nouveau terminal à conteneurs, ainsi que l’électrification des différents équipements pour manutentionner les conteneurs grâce à des énergies renouvelables plus propres.
Du reste, l’électrification a toujours été prioritaire : la première grue électrique du port avait été acquise en 1990, et toutes les grues de transbordement fonctionnent désormais à l’électricité.
Même les grues portiques sur pneus de notre cour intermodale de transbordement sont entièrement électriques. Et nous avons installé des structures pour conteneurs réfrigérés électriques dans notre terminal, en 2017.
Succès des conteneurs sur barges
Port NOLA a joué un rôle central pour promouvoir la durabilité du transport maritime en misant sur les services de barges. « Grâce à une subvention aux administrations maritimes du Département américain des transports en 2016, nous avons contribué à l’achat de l’équipement dont le Port de Baton Rouge avait besoin pour se joindre à une initiative conjointe de conteneurs sur barges avec le Port de Memphis et Port NOLA », se souvient Mme Federer.
L’année dernière, le service de barges a servi au transport d’environ 20 000 EVP, ce qui a permis de retrancher près de 2,8 millions de kilomètres en trajets de camionnage, soit une économie d’environ 757 000 litres de carburant. Ces données ont été colligées au bénéfice des clients des services portuaires qui souhaitent obtenir des crédits carbone pour l’utilisation du service de barges, plus écologique et plus efficace.
Un récent projet réalisé grâce à une subvention de l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) a permis d’examiner la revitalisation d’une zone désaffectée le long d’un canal. « C’est là que se trouvait notre tout premier parc à conteneurs, ouvert initialement en 1923 après des opérations de dragage. Toutefois, depuis que l’embouchure du Mississippi a été fermée, les navires hauturiers ne peuvent plus y accéder, explique Mme Federer. Nous sommes donc en train d’évaluer comment y réintégrer des activités commerciales productives qui représenteraient une valeur ajoutée aux services portuaires. »
Quelque 105 camions de transport ont été remplacés par des véhicules plus propres pour favoriser l’assainissement de l’air. Grâce à cinq subventions distinctes de l’EPA et du programme « Louisiana Clean Diesel », l’administration portuaire a pu aider les camionneurs à compenser les coûts de ces remplacements.
Nous avons pu réduire de 96 % les émissions de particules fines grâce à des moteurs plus propres, soit l’équivalent du retrait de 116 000 voitures de la circulation.
La recherche d’innovations pour économiser du carburant et éliminer les émissions atmosphériques demeure prioritaire. « Récemment, nous avons examiné diverses technologies et divers produits susceptibles de réduire les besoins énergétiques de nos équipements de battage et de dragage, qui sont les plus grands consommateurs de diésel et la principale source d’émissions du volet 1 », dit-elle.
Un engagement communautaire fort
Dans le programme de l’Alliance verte, Port NOLA s’est particulièrement démarqué au chapitre de l’engagement auprès des communautés. « Nous avons mis la priorité sur la tenue d’assemblées publiques afin de mieux connaître les chefs de file de la communauté et les représentants des ONG. Ça nous permet d’aborder avec eux de manière productive tout problème découlant d’une activité ou d’un projet portuaire, explique Mme Schexnayder.
Nous avons aussi une ligne d’aide téléphonique dédiée aux collectivités, ainsi qu’un bureau communautaire pour le développement de notre nouveau terminal. Le personnel est donc sur place deux ou trois jours par semaine pour répondre en personne aux questions ou aux préoccupations des gens.
Diverses initiatives éducatives ont été mises en œuvre pour sensibiliser la collectivité, notamment les jeunes, quant à l’importance du port en appui au transport maritime, qui est le plus écologique qui soit. « Ainsi, dans le cadre d’un échange d’enseignants organisé par une fondation locale, nous avons invité des enseignants du Minnesota – qui se trouve aux sources du Mississippi – pour qu’ils viennent découvrir ici notre portion du fleuve dans la région du golfe, relate Mme Federer. L’administration portuaire organise également l’activité annuelle « Who Works the Rivers » en collaboration avec River Works Discovery et d’autres entreprises locales, dans le but de faire découvrir les métiers portuaires et maritimes aux élèves de premier et deuxième cycles du secondaire.
Par ailleurs, l’indicateur de performance de l’Alliance verte sur la prévention des déversements et la gestion des eaux pluviales a servi de base pour la planification et l’infrastructure au port.
Toutes les eaux de ruissellement provenant du terminal à conteneurs et des immeubles industriels sont canalisées vers des bassins de rétention des eaux de pluie ou des fosses dotées de leurs propres stations de pompage afin de contrôler la pollution des eaux de ruissellement. À cet égard, Port NOLA travaille en étroite collaboration avec le service municipal chargé des eaux pluviales. « Nous avons également procédé à une évaluation des risques climatiques afin de déterminer comment nos futures installations pourraient aider les zones voisines en cas d’inondations liées à des événements météorologiques extrêmes. »
Enfin, l’administration portuaire est toujours à la recherche de pratiques et de technologies novatrices en matière de gestion des déchets pour réduire davantage ceux que génèrent les deux terminaux de croisière du port.
Beaucoup à voir et à faire!
Durant leur visite guidée en bateau, les délégués de GreenTech passeront devant de nombreux terminaux du port, notamment ceux de New Orleans Terminal, Ports America et QSL. Ils remarqueront peut-être aussi la ligne ferroviaire New Orleans Public Belt Railroad, que Port NOLA a acquise pour s’en servir comme manœuvre ferroviaire indépendante au service des installations portuaires et des industries locales.
En mai 2020, les dirigeants de la ligne ferroviaire se sont tournés vers la location pour pouvoir moderniser toutes les locomotives de courte distance opérant dans le périmètre urbain grâce à de nouveaux moteurs plus propres et plus silencieux.
Pour le reste du séjour durant le colloque, Mme Federer rappelle que le French Quarter est un incontournable, mais elle suggère aussi de sauter dans un tramway pour visiter le parc Audubon dans le secteur résidentiel, ou City Park (qui est encore plus vaste que Central Park à New York). Une visite résolument plus tranquille, mais qui permet tout autant de découvrir l’authenticité de la ville. « Ces deux parcs sont riches d’une végétation luxuriante, et il faut dire que la descente en tramway le long de l’avenue historique St. Charles ou vers City Park est une expérience unique en son genre, dit-elle. Dans City Park, vous trouverez aussi le New Orleans Museum of Art, ainsi qu’un jardin de sculptures, un mini-golf, des jardins botaniques et le petit parc d’attractions Carousel Gardens.
Pour sa part, Stacey Schexnayder ajoute qu’il est très agréable de se promener en ville : « Pas besoin de véhicule pour circuler dans Central Business District ou dans Arts/Warehouse District, où se succèdent galeries, musées, restaurants et salons. »
Depuis 2016, Port NOLA organise un programme de récupération des perles et bibelots du Mardi gras, par l’entremise de l’organisme Arc of Greater New Orleans. L’initiative se déroule autour de plusieurs sites portuaires, et vise à réduire l’impact des déchets générés lors des célébrations du Mardi gras, qui finiraient autrement au site d’enfouissement.
Le colloque GreenTech 2025 se tiendra à l’hôtel Hilton Riverside, du 9 au 11 juin.