Green Marine Europe, qui en est à sa troisième année d’évaluation, compte désormais 18 armateurs opérant différents types de navires, si bien que le programme a pratiquement doublé son nombre de participants par rapport à l’année dernière.
« Nous sommes ravis de constater que nos plus récents participants, ainsi que ceux qui nous ont rejoints plus tôt, considèrent ce programme comme un moyen judicieux d’améliorer progressivement leur performance environnementale », déclare Antidia Citores, responsable du programme Green Marine Europe et coordonnatrice du lobbying de la Surfrider Foundation Europe.
Le président de l’Alliance verte, David Bolduc, ne saurait être plus satisfait d’avoir accordé une telle licence à Surfrider pour lancer le programme auprès des armateurs européens, il y a deux ans.
« Surfrider s’est révélé un partenaire incroyablement fiable et dévoué, qui a mené au succès impressionnant de Green Marine Europe même si tout cela a été lancé en avril 2020, soit tout juste un mois après le début des restrictions causées par la pandémie, dit-il. C’est également merveilleux de collaborer avec cette organisation pour faire fructifier le programme des deux côtés de l’Atlantique. »
C’est également merveilleux de collaborer avec cette organisation pour faire fructifier le programme des deux côtés de l’Atlantique.
Parmi les nouveaux participants de Green Marine Europe on dénombre CMA CGM, soit la troisième compagnie maritime en importance à l’échelle mondiale, basée en France; MSC Cruises, une compagnie internationale italienne enregistrée en Suisse; et Stena Line, qui est le plus grand opérateur de traversiers en Europe du Nord. Le programme compte également l’Association royale des armateurs des Pays‑Bas parmi ses membres Association.
Les voiliers-cargos TOWT, basés en France et propulsés exclusivement par des voiles, ainsi que plusieurs installateurs de câbles sous-marins figurent également parmi les armateurs qui recevront la certification Green Marine Europe en juin 2022.
« Ce qui est formidable, c’est que nous avons affaire à différents types d’armateurs, et qu’un nombre croissant de pays européens sont représentés, déclare Mme Citores. Il y a certainement eu un élan positif au cours des derniers mois. »
Le soutien obtenu pour le programme Green Marine Europe lors du congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), organisé conjointement avec le gouvernement français en septembre dernier, a certainement représenté un catalyseur essentiel.
« Évidemment qu’il a été très utile d’avoir l’appui dès le début de la ministre française de la Transition écologique, Barbara Pompili, et de recevoir le soutien ferme du président Emmanuel Macron à Green Marine Europe lors du congrès mondial de l’UICN, reconnaît Mme Citores. Au congrès, le président Macron a aussi louangé CMA CGM pour sa décision, à l’époque, de se joindre à Green Marine Europe. »
Alors qu’il accueillait le One Ocean Summit en février dans le cadre de sa présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne, M. Macron a également exprimé son véritable souhait de voir les armateurs intégrer Green Marine Europe dans le cadre de leurs efforts envers le développement durable.
« Le financement initial que Green Marine Europe a obtenu de l’Union européenne ainsi que le soutien politique et financier du gouvernement français sont tous deux extraordinaires et ont véritablement contribué à l’expansion rapide du membership », déclare M. Bolduc, en ajoutant à quel point il est formidable de voir que les armateurs européens reconnaissent l’adaptabilité du cadre ainsi que la rigueur et la transparence du programme de certification environnementale comme moyen de réaliser et de relayer des améliorations environnementales ambitieuses, mais réalisables.
Il est maintenant un peu plus facile de convaincre les autres de la capacité de notre programme d’accueillir tous les types d’armateurs...
« La crédibilité de Surfrider en tant qu’ONG engagée en faveur de l’environnement a certainement contribué à gagner plus facilement le soutien des pouvoirs publics, ajoute-t-il. Et il faut dire que l’Alliance verte en soi a su s’imposer depuis 15 ans comme un programme collaboratif émanant de l’industrie, et qui fonctionne. »
Selon Mme Citores, l’adhésion de CMA CGM à Green Marine Europe a contribué à changer les choses. « Il est maintenant un peu plus facile de convaincre les autres de la capacité de notre programme d’accueillir tous les types d’armateurs, des plus petits aux plus grands dans tous les secteurs (y compris les vraquiers, les porte-conteneurs, les navires de croisière, les traversiers et les navires de recherche) pour les mettre au défi, mais aussi pour les guider dans leurs progrès environnementaux », explique-t-elle.
Outre le fait qu’elle a démarré alors que survenait la pandémie, l’initiative Green Marine Europe a été plus difficile à instaurer à cause des nombreuses langues et cultures, et bien sûr à cause des multiples réglementations régissant les activités maritimes en Europe. « Heureusement, les règlements de l’Union européenne tiennent compte des différentes législations nationales, mais la Norvège et le Royaume-Uni, par exemple, n’appartiennent pas à l’UE, note Mme Citores. C’est un peu un casse-tête, c’est sûr. »
Il faut également tenir compte des différences régionales dans la réglementation, comme la zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre prévue pour la Méditerranée à partir de 2025. « Dans ce cas, nous devons également retenir que de plus en plus de ports européens interdisent l’utilisation d’épurateurs en circuit ouvert dans leurs eaux », ajoute Mme Citores.
À l’instar de l’Alliance verte en Amérique du Nord, le programme Green Marine Europe se propose de réviser ses indicateurs de performance annuellement. « L’année dernière, nous avons décidé de mettre à jour celui sur les espèces aquatiques envahissantes, ce qui a nécessité quelques changements, mais le grand défi était l’indicateur sur les gaz à effet de serre, avoue Mme Citores. Nous avons dû tenir compte des éventuelles réglementations qui font encore l’objet de discussions au sein de l’OMI. »
Les membres de Green Marine Europe ont discuté activement pour en venir à un consensus important concernant l’approche pour la décarbonation d’ici 2050. Ils ont ensuite travaillé à rebours à partir de l’échéance de décarbonation de l’OMI en 2050 afin de définir les étapes nécessaires pour relever ce défi. « Au cours de ce processus, nous avons dû tenir compte de tous les types de navires participant au programme et des différences dans la nature de leurs activités, reconnaît-elle. Nous avons également dû intégrer tout cela dans les cinq niveaux de l’échelle des indicateurs de performance de l’Alliance verte. »
Antidia Citores n’hésite pas à louanger l’expertise et les ressources des comités consultatifs de l’Alliance verte, et reconnaît l’importance d’avoir eu accès aux annexes sur les émissions de CO2 établies par l’industrie en vue d’élaborer ce plan de décarbonation.
Selon M. Bolduc, la concrétisation de Green Marine Europe est un exemple de la synergie entre les programmes nord-américain et européen. « Bien que les sensibilités réglementaires et autres ne soient pas les mêmes en Amérique du Nord et en Europe, en ce qui concerne la décarbonation, nous avons convenu de réviser cet indicateur cette année de sorte que notre objectif de niveau 5 soit le même : atteindre la décarbonation d’ici 2050 », dit‑il.
Dans d’autres domaines, Green Marine Europe bénéficie du travail de fond de l’Alliance verte en Amérique du Nord. « Il n’y a encore aucune législation de l’OMI ou de l’UE pour réduire le bruit sous-marin, donc les avancées pour cet indicateur de performance sont basées sur la volonté de nos armateurs de s’y attaquer dans le cadre de leurs efforts pour la décarbonation, à savoir le renouvellement de la flotte, affirme Mme Citores. Nous avons aussi beaucoup appris de Bureau Veritas et de DNV en ce qui concerne les technologies disponibles pour mesurer et surveiller la signature acoustique des navires. »
Fondatrice et vice-présidente de la Plateforme Océan & Climat et membre du groupe d’experts du conseil de mission de la Commission européenne sur la santé des océans, des mers et des eaux côtières et intérieures, Mme Citores entend continuer à renforcer avec son équipe la volonté politique qui a contribué jusqu’ici à la création de Green Marine Europe.
« Il y a aussi de grandes marques de consommation qui commencent à prendre le pouls de l’opinion publique au chapitre des efforts pour la durabilité, admet Mme Citores. Elles commencent à prendre plus au sérieux leur responsabilité sociale d’entreprise et veulent une sorte de preuve crédible pour témoigner du fait qu’elles font appel à des compagnies maritimes qui s’efforcent de réduire leur empreinte carbone. »
Green Marine Europe souhaite atteindre le cap de 30 participants pour la certification de 2023‑2024. « Notre prochain pari est d’ouvrir le programme aux chantiers maritimes parce que des responsables de ce secteur nous ont déjà fait part de leur grand intérêt à participer », ajoute Mme Citores.
D’ailleurs, les critères pour les chantiers maritimes participants sont élaborés de concert avec l’Alliance verte en Amérique du Nord. « L’occasion était parfaite pour cette toute première collaboration internationale sur un indicateur de performance, concède M. Bolduc. Le nombre de chantiers maritimes participant à notre programme a récemment doublé et nous avons donc entamé le processus d’établissement d’un programme distinct pour ce segment particulier, plutôt que de continuer à leur faire évaluer leur performance sur la base des critères applicables aux terminaux. »
Mme Citores envisage avec enthousiasme l’établissement de ces nouveaux critères. « En fin de compte, tout s’intègre dans une sorte d’écosystème, explique-t-elle. Il faut prendre en compte dès le départ les matériaux utilisés pour construire un navire en considérant leurs impacts, qu’il s’agisse de leur extraction ou fabrication, de leur durée de vie ou encore des moyens envisageables pour enfin les recycler et les réutiliser. »
Nous examinons également la façon dont nous pourrions poursuivre et même approfondir notre alliance compte tenu des avantages que nous avons déjà constatés.
Tout le travail à venir occupera à coup sûr l’équipe de Surfrider, qui continuera à gérer Green Marine Europe dans le cadre de sa licence pour encore deux années supplémentaires. « Il est un peu inhabituel qu’une ONG comme la nôtre dirige ce type d’effort environnemental majeur, mais tout cela montre ce qui est possible, affirme Antidia Citores. Nous avons toujours dit clairement que nous espérions que ce programme soit ultimement administré par l’industrie maritime. »
D’ailleurs, des discussions sont déjà en cours au sujet de la future gouvernance de Green Marine Europe. « Nous examinons également la façon dont nous pourrions poursuivre et même approfondir notre alliance compte tenu des avantages que nous avons déjà constatés du point de vue de la mise en commun des connaissances, de l’expertise et des ressources, ainsi que dans la sensibilisation et l’influence de l’Alliance verte dans le cadre de collaborations sur des questions clés », déclare M. Bolduc.
Bien que Green Marine Europe ait participé en mode virtuel au colloque GreenTech 2021, seul M. Bolduc a pu rencontrer en personne l’équipe jusqu'à présent en raison de la pandémie.
« Ce sera formidable d’accueillir certains d'entre eux au colloque GreenTech de cette année à Montréal afin qu’ils puissent rencontrer en personne notre conseil d’administration et plusieurs de nos membres pour discuter des suites de cette merveilleuse collaboration vers un avenir plus durable. »
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