Par Julie Gedeon

Le nouveau navire d'Interlake — Une 1ere en 40 ans!

Innovation

Optimisme chez Interlake : un premier navire américain construit dans les Grands Lacs depuis quatre décennies

Ces 15 dernières années, les armateurs membres de l’Alliance verte ont réalisé des investissements considérables pour actualiser la performance environnementale de leur flotte en remplaçant les plus anciens navires par de nouveaux modèles ou en équipant les navires existants avec des moteurs plus récents et plus propres ainsi que des technologies novatrices pour optimiser l’efficacité énergétique et minimiser les émissions atmosphériques polluantes. Aux États-Unis, c’est la mise à niveau des navires qui a surtout été privilégiée. Il faut dire que l’eau douce des Grands Lacs et du Saint-Laurent est plus propice à la longévité des navires comparativement à l’eau de mer, et rallonge ainsi leur durée de vie utile. La bonne nouvelle, c’est qu’un engagement senti et à long terme auprès d’une clientèle fidèle a permis de construire un tout nouveau navire en territoire américain pour répondre aux besoins d’un grand armateur américain dans les Grands Lacs, qui est aussi l’un des participants de l’Alliance verte.

La société Interlake Steamship vient de mettre à l’eau le premier nouveau navire à être construit dans la région des Grands Lacs américains en près de 40 ans. En effet, le laquier Mark W. Barker a été officiellement baptisé à Cleveland à la fin du mois d’août, même si le navire faisait déjà le transit de marchandises depuis plus d’un mois.

« Nous très fiers de pouvoir dire que ce nouveau navire made in USA a été construit en vertu de la réglementation équitable sur le travail aux États-Unis et en versant des salaires justes, à partir de minerai de fer extrait au pays pour fabriquer l’acier américain dont nous avions besoin », déclare le président d’Interlake, Mark W. Barker, qui est à la tête d’une deuxième génération de dirigeants au sein de cette entreprise familiale.

M. Barker accepte avec humilité que ce navire porte son nom.

C’est difficile de dire non quand c’est votre père qui insiste, d’autant plus qu’il est aussi le président de la compagnie… Mais oui, je dois dire que c’est un véritable honneur!

Mark W. Barker, président, Interlake

Construit au chantier naval Fincantieri Bay dans la baie Sturgeon, au Wisconsin, ce navire de presque 195 mètres peut transporter diverses marchandises en eau douce sur les Grands Lacs et dans le réseau fluvial.

« Il y a cinq ans, ce qui nous avait convaincus d’aller de l’avant avec cette initiative majeure, c’est-à-dire l’ajout d’un nouveau navire à notre flotte, c’était notre contrat principal avec Cargill pour la livraison de sel de voirie, ainsi que d’autres contrats éventuels de transport de marchandises, raconte M. Barker. Nous avions conclu qu’il nous fallait un nouveau navire afin de mieux répondre aux besoins de nos clients. Et déjà, notre nouveau navire a transporté des agrégats, du calcaire, du minerai de fer, du sable et de l’acier, et bientôt du sel de voirie cet hiver. »

Conception novatrice

Le Mark W. Barker se distingue de la plupart des navires de charge des Grands Lacs par la forme plutôt carrée et plate de sa cale à marchandises, comparativement aux coques traditionnelles inclinées. Grâce à un mât de déchargement automatique monté à l’avant, les clients disposent d’une plus grande polyvalence pour le déchargement ciblé de leur cargaison au port. Il s’agit d’un système à courroie de retenue unique reliée à un mécanisme en boucle à la proue qui alimente le mât fixé au pont.

La conception de notre coque permet une grande flexibilité quant au type de marchandises que nous pouvons transporter dans la portion centrale de la cale à marchandises.

Mark W. Barker

« Les cinq grandes écoutilles empilables contrôlées à l’hydraulique facilitent le travail des grues, qui peuvent ainsi y manutentionner des marchandises de très grande taille, » ajoute M. Barker.

D’envergure plus courte, le navire est aussi équipé d’un système de direction précis qui facilite la navigation dans les virages accentués et les passages étroits de la rivière Cuyahoga dans la région de Cleveland (Ohio). Son profil plutôt carré permet de transporter quelque 26 000 tonnes nettes de marchandises avec déchargement entièrement automatisé.

Des moteurs de norme Tier IV

Barker souligne que la société Interlake est très fière de mettre en service le premier navire à propulsion diésel-électrique (EMD) dans les eaux américaines des Grands Lacs, dont les moteurs génèrent jusqu’à 8 000 chevaux. La configuration à deux moteurs est conforme aux normes d’émission Tier IV de l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA), qui exigent une réduction d’environ 90 % des émissions de matières particulaires et d’oxydes d’azote. De plus, l’installation de systèmes de réduction catalytique sélective contribue à réduire davantage les émissions d’oxydes d’azote des nouveaux moteurs pour un bilan presque nul.

La puissance du moteur principal est relayée à une hélice unique quadripale à pas variable, par l’intermédiaire d’une boîte de vitesses à double entrée et à sortie simple qui maximise l’efficacité. Les propulseurs d’étrave et de proue génèrent jusqu’à 1 000 chevaux, tandis que le gouvernail à grande levée permet d’optimiser le sillage de l’hélice.

Le Mark W. Barker est le premier nouveau navire construit par Interlake depuis 1981.

« C’est une vraie chance de bénéficier des conditions d’eau douce dans les Grands Lacs, puisque nos navires durent longtemps et fonctionnement efficacement à condition de les moderniser adéquatement », ajoute M. Barker. Depuis 2006, Interlake a procédé à des améliorations considérables à sa flotte existante qui compte neuf navires, en les équipant de moteurs, de contrôles automatisés et de systèmes d’épuration des gaz d’échappement plus récents. »

De nouvelles perspectives

En 2017, divers facteurs ont amené Interlake à décider qu’il fallait un nouveau navire pour mieux répondre aux besoins des clients de longue date et des nouveaux clients. Ceux-ci s’intéressent de plus en plus au transport maritime dans les Grands Lacs en raison de la pénurie de camionneurs, de la congestion des autoroutes, de la disponibilité limitée des wagons à certains moments, ainsi que de la volonté de plus en plus affirmée d’écologiser les chaînes d'approvisionnement.

« Nous avons déjà des discussions pour le transport de nouvelles marchandises qui n’auraient jamais été pressenties pour le transport maritime il y a seulement quelques années, note M. Barker. D’ailleurs cet automne, on chargera pour la toute première fois de l’acier américain pour le transport maritime. »

Le nouveau navire témoigne de l’engagement d’Interlake à commercer dans les Grands Lacs, pense M. Barker, à l’heure où le monde doit privilégier de plus en plus les modes de transport écologiques.

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