Par Julie Gedeon

Dernier accostage pour le tout premier vérificateur de l'Alliance verte

Larguez les amarres!

Après 14 années d’expertise, l’heure de la retraite a sonné pour Hugh Hutton

Fin de parcours pour le premier vérificateur au service de l’Alliance verte qui prend sa retraite, après avoir ainsi accompagné divers participants depuis 14 ans.

« Je suis très fier d’avoir participé à cette initiative, affirme M. Hutton. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec David Bolduc et toute l’équipe de l’Alliance verte! »

Dès le départ, la simplicité du cadre et des critères du programme de certification environnementale avait impressionné M. Hutton. « Ce programme est un complément aux codes de sécurité existants et aux certifications ISO, de sorte qu’il incite les compagnies maritimes à évaluer véritablement les moyens d’améliorer leur durabilité », dit-il.

C’est M. Hutton qui avait communiqué avec l’Alliance verte pour en devenir vérificateur, alors qu’il occupait déjà de telles fonctions depuis de nombreuses années auprès de Lloyd’s Register Quality Assurance.

Le président de l’Alliance verte, David Bolduc, se souvient de ce moment particulier. « Nous commencions à peine à nous demander comment mettre en œuvre la vérification du programme, et c’est à ce moment-là qu’Hugh a communiqué avec nous en nous proposant sa vaste expérience en vérification dans l’industrie maritime », explique M. Bolduc. 

Hugh nous a vraiment aidés à définir la rigueur et la transparence que nous voulions pour notre processus de vérification

David Bolduc, Alliance verte

« Mais aussi, ajoute-t-il, à instaurer un solide lien de confiance avec les participants pour leur faire comprendre que nous voulions travailler avec eux – et non contre eux – afin de légitimer leur auto-évaluation environnementale. »

Dans le but d’aider les premiers participants à bien comprendre le processus, l'Alliance verte avait demandé à Hugh Hutton d’effectuer plusieurs vérifications pilotes pour qu’ils sachent à quoi s’attendre en vue des vérifications ultérieures.

« Il fallait à tout prix préciser qu’Hugh n’avait pas le pouvoir absolu de vérifier n’importe quoi, puisqu’il y avait déjà certaines préoccupations de nature commerciale en lien avec la concurrence, souligne M. Bolduc. Néanmoins, il était essentiel que les participants puissent justifier le niveau de performance déclaré, et c’est encore le cas. »

Tous les critères étant bien compris, M. Hutton pouvait expliquer son raisonnement lorsqu’il pensait que quelque chose n’allait pas.

« Ça donnait lieu à des échanges qui me permettaient de comprendre pourquoi on avait ciblé un niveau ou un autre, ou de faire comprendre au participant qu’il allait devoir réviser son choix. »

Au cours de son mandat de vérificateur, il affirme avoir appris autant des participants que l’inverse.

J’ai vraiment aimé faire ce travail pour l’Alliance verte, car je me suis toujours passionné pour l’industrie maritime et ceux qui en font partie

Hugh Hutton

C’est en 1960, à l’âge de 16 ans, que M. Hutton avait amorcé sa carrière comme apprenti en génie mécanique au chantier naval et à l’usine de moteurs d’Alexander Stephen & Sons, à Glasgow, en Écosse.

Cinq ans plus tard, il devenait ingénieur en chef et surintendant pour le compte de la société Harrisons (Clyde), qui gérait notamment deux des navires de Fednav.

C’est justement à l’époque où il s’occupait des navires de Fednav en transit entre le Royaume Uni et l’Est du Canada, qu’il a été remarqué pour sa minutie par James Murray, l’ancien directeur de Fednav. « Lorsqu’il y avait des lacunes pour un navire de Fednav sur une autre route affrétée, il demandait à ma société qu’on m’envoie pour éclaircir le problème », explique Hugh Hutton.

Ce dernier a été appelé à parcourir le monde au cours de sa carrière, que ce soit pour le transport de véhicules européens ou encore de marchandises diverses, à l’époque où la conteneurisation n’existait pas encore.

Je me souviens des ballots de laine que nous transportions en provenance d’Australie et qui étaient stockés dans la cale puis sur le pont pour les rapporter en Angleterre 

Hugh Hutton

À la suite d’une série de fusions, M. Hutton a travaillé au sein de la société Algoma Central durant quelques mois avant d’être invité à Londres, en Angleterre, par la Lloyd’s Register pour mieux connaître le nouveau code international de gestion de la sécurité (ISM).

« Le Canada avait adopté le code ISM et j’ai fini par donner de la formation au secteur maritime dans les bureaux de la Lloyd’s près des ports canadiens », précise-t-il. Son séjour à Londres lui a aussi permis de parfaire ses qualifications relativement à d’autres normes sur la sécurité, sur la santé et sécurité au travail, sur la sécurité des cargaisons et en matière environnementale. C’est comme vérificateur ou formateur pour la Lloyd’s Register qu’il a commencé à mettre en pratique son expertise dans ces domaines.

Par ailleurs, il n’est pas peu fier d’avoir été sollicité par l’OTAN pour son expertise maritime afin de donner des conseils sur la meilleure façon de transporter l’équipement militaire pendant la crise des Balkans dans les années 1990.

Durant les premières années de l’Alliance verte, Hugh Hutton était le seul et unique vérificateur : « À l’époque, il y avait moins de participants et moins d’indicateurs de performance, dit-il. On pouvait boucler une vérification en une seule journée ou à peu près, alors que ça prend quelques jours maintenant avec tous les indicateurs. »

Les déplacements étaient de plus en plus nombreux à mesure que le programme prenait de l’expansion, surtout avant l’apparition des plateformes en ligne. « On s’envoyait des photos par courriel et nous discutions au téléphone pour faire le suivi, mais il n’y avait rien comme une visite en personne », rappelle M. Hutton.

Il se souvient de l’excellent départ des premiers participants, qui adhéraient déjà au nouveau code ISM et, dans certains cas, aux critères de l’Organisation internationale de normalisation (ISO).

Et tout le monde convoitait le niveau 5 lorsque c’était possible. Mon travail consistait à m’assurer que les participants disposaient de toutes les données nécessaires pour satisfaire aux critères

Hugh Hutton

« Bien entendu, poursuit-il, les critères se sont multipliés et se sont resserrés suivant l’évolution du programme. »

Il se dit d’ailleurs impressionné qu’on ait mis l’accent sur l’amélioration continue au sein du programme : « C’est vraiment un complément au code ISM et aux critères ISO », admet-il.

David Bolduc reconnaît l’apport de M. Hutton, qui a jeté les bases de la vérification au sein de l’Alliance verte.

Il ne fait aucun doute qu’Hugh nous a aidés à comprendre non seulement l’expertise, mais aussi les qualités humaines qu’il fallait attendre d’un vérificateur

David Bolduc, Alliance verte

Le président du programme de certification environnementale ajoute que ce dernier occupera toujours une place spéciale dans l’histoire de l’Alliance verte.

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