Depuis la signature d’un protocole d’entente en octobre 2013, la collaboration entre l’Alliance verte et l’American Association of Port Authorities (AAPA) est fondée sur leurs objectifs mutuels, c’est-à-dire promouvoir la protection de l’environnement auprès des ports maritimes de l’hémisphère occidental. D’ailleurs, l’AAPA encourage ses membres du secteur portuaire à obtenir une certification Alliance verte s’ils estiment que le programme peut favoriser leurs initiatives de développement durable.
Fondée en 1912, l’AAPA représente désormais 140 administrations portuaires aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine et dans les Caraïbes, et compte sur le soutien de plus de 300 supporteurs et membres associés, diverses entreprises et personnes qui s’intéressent aux ports maritimes. Depuis octobre 2023, Cary S. Davis agit comme président-directeur général et responsable des affaires juridiques de l’AAPA. Il s’est entretenu avec la collaboratrice du Magazine de l’Alliance verte, Julie Gedeon, à l’occasion de GreenTech 2024.
C’est simple : les gens du secteur portuaire sont tout simplement formidables! Plus j’apprends à connaître ceux et celles qui contribuent à changer les choses dans ce domaine, plus j’ai envie de représenter cette industrie.
Ces gens-là savent cerner rapidement les problèmes, mais aussi les causes profondes et les solutions envisageables. C’est d’ailleurs l’un des aspects que je préfère dans ce travail : leur demander d’exprimer leur point de vue. Évidemment, leurs idées ne seront pas toutes placées en haut de notre programme législatif, mais ce qu’ils expriment a toujours de la valeur, et nous pouvons nous en servir dans la défense des intérêts sectoriels auprès des responsables à Washington, D.C., et ailleurs.
Les coûts et le financement. La disponibilité de l’équipement à prix compétitif. Les délais pour l’homologation des projets. Les restrictions en matière de marchés publics (qu’on appelle aussi « préférence nationale »). La capacité et la disponibilité du réseau électrique. Voilà plusieurs défis majeurs que nos membres soulignent au quotidien, et qui ont d’ailleurs été abordés dans le cadre de GreenTech. J’invite tout le monde à lire le rapport de l’AAPA et de l’American Bureau of Shipping sur les défis auxquels les ports maritimes sont confrontés au chapitre de l’électrification et en ce qui concerne d’autres avenues pour la décarbonation.
On peut citer aussi les facteurs de stress que la pandémie a imposés à la chaîne d’approvisionnement, la « grande résignation » qui s’en est suivie, ainsi que le rétrécissement du bassin de jeunes travailleurs que l’on tente de recruter pour les différents postes à pourvoir. Là-dessus, nous nous dirigeons vers une grave pénurie de main-d’œuvre dans les chaînes d’approvisionnement maritimes, si ce n’est pas déjà le cas… L’AAPA s’emploie à remédier à cette situation, notamment en utilisant les fonds du Département américain du travail afin de recruter davantage d’apprentis.
Il y a plusieurs sources du domaine portuaire qui alimentent régulièrement l’AAPA à propos d’un large éventail de questions sectorielles, et nous les relayons ensuite le plus directement possible. Nos données sont souvent citées par les gens de l’industrie, la communauté universitaire et les agences gouvernementales, et j’en suis fier. La collecte de données de l’AAPA se fait étape par étape, qu’il s’agisse de vérifier minutieusement les faits, de faire examiner les données par notre comité technique, ou de faire appel à notre conseil de politique législative, qui prend toutes les décisions importantes pour nous assurer la portée la plus large possible au nom de notre industrie.
Je suis également fier du programme POWERS (Port Opportunities with Energy, Resilience, and Sustainability), administré par notre directeur des relations gouvernementales au sein de l’AAPA, Ian Gansler.
Ce programme a vraiment aidé les administrations portuaires à bénéficier du financement unique et historique disponible actuellement, qui vise à améliorer la résilience de la chaîne d'approvisionnement et à contrer les problèmes liés aux changements climatiques.
Comme le disait toujours Jim Walker, l’un de mes précieux mentors de l’AAPA : « Nous sommes reconnaissants, mais pas satisfaits. » Il reste encore beaucoup à faire et les administrations portuaires n’y arriveront pas seules.
Selon moi, il y a un élément qui montre que ce sera effectivement le cas : il existe maintenant un caucus de la chaîne d’approvisionnement au Congrès américain. Ça n’existait pas auparavant. Il s’agit d’un groupe bipartisan composé de membres modérés, dont plusieurs aspirent au Sénat et pourraient bientôt occuper des postes gouvernementaux plus influents. Ce caucus a vu le jour à la suite d’échanges entre des membres du Congrès et des intervenants de l’ensemble du système de transport et de la chaîne d’approvisionnement, qui ont souligné la nécessité de discuter sérieusement et plus régulièrement du financement et du soutien à la chaîne d’approvisionnement américaine.
Absolument! Nous sommes le principal lieu de rencontre entre le secteur privé et les administrations portuaires publiques, ce qui permet de comparer les priorités et les pratiques exemplaires, de développer les affaires en vue de conclure des contrats, et enfin de tracer la voie à suivre en matière de collaboration.
C’est très relatif... En effet, les pays d’Amérique latine sont intimement liés au commerce maritime et tentent de tirer parti de ces liens. Le Canada est fier de son héritage maritime et les armateurs y ont beaucoup investi pour renouveler leur flotte.
Aujourd’hui, les États-Unis bénéficient d’un financement public sans précédent, et l’on crée de nombreux corridors commerciaux maritimes. C’est donc dire que les ports maritimes représentent aujourd’hui un atout beaucoup plus apprécié qu’auparavant dans l’hémisphère occidental.
Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour sensibiliser le grand public à l’importance des ports maritimes dans la plupart des aspects de notre quotidien, surtout quand on pense aux grands courants de la concurrence mondiale actuellement, notamment l’initiative chinoise « Une ceinture, une route » (Belt and Road) qui impliquera d’énormes investissements à l’échelle mondiale, ou encore la crise actuelle en mer Rouge, ou le rôle du transport maritime pour la décarbonation et la transition énergétique du transport en général.
Les gens qui travaillent dans les ports font des choses extraordinaires. Il suffit de voir les limites qu’ils repoussent pour que les ports soient reconnus comme des centres historiques, des lieux de rassemblement ou d’exposition d’art autochtone, des lieux de vente au détail mixte en alimentation et boissons, des centres de production énergétique pour l’hydrogène et l’éolien en mer, des zones de divertissement où les croisiéristes et les touristes peuvent passer plus de temps dans les ports d’escale ou entre les voyages.
Les gestionnaires de ports et leur personnel débordent d’idées novatrices.
En tant qu’association professionnelle, l’AAPA s’efforce toujours d’offrir une plateforme qui favorise la mise en commun et la promotion de ces idées et, s’il y a lieu, pour aider à garantir les investissements et d’autres ressources nécessaires à leur développement.
On oublie parfois que la plupart des objets lourds ou de grande taille sont déplacés par voie maritime. Je rappelle souvent aux décideurs et à beaucoup d’autres intervenants que même le Capitole des États-Unis a été construit grâce à des canaux puisqu’il n'y avait pas d’autre moyen de transporter ces blocs de marbre à l’époque. Je pense qu’on peut très bien bénéficier d’un certain retour à des modes de transport de l’époque. Ce n’est sans doute pas exagéré d’envisager des modèles en étoile basés sur le transport maritime, ou des corridors maritimes courte distance, ou encore d’augmenter encore le trafic des barges sur nos principales artères fluviales. Et par ailleurs, le commerce international par voie maritime devrait augmenter de 10 % à 15 % au cours des 25 prochaines années dans notre hémisphère, selon les estimations du gouvernement américain. Il faut donc que notre industrie et notre économie s’adaptent à la hausse du fret maritime, et c’est la raison d’être de l’Alliance verte : favoriser le développement durable, puisque le transport maritime représente le moyen le plus propre, le plus vert et le plus sûr de transporter quoi que ce soit.
C’est simple : l’Alliance verte est devenue la norme en matière de certification environnementale dans notre domaine.
En tant qu’association professionnelle, l’AAPA a notamment pour rôle d’orienter les gens dans la bonne direction par rapport à leurs objectifs. Je rencontre les représentants de nombreux ports influents à GreenTech, et je constate qu’ils sont très attachés à leur certification Alliance verte et à l’amélioration de leur performance environnementale.