Après plus de quinze ans d’engagement passionné au sein de Transport Desgagnés, Daniel Côté, conseiller sénior en environnement, prend le large pour une retraite bien méritée. Retour sur le parcours d’un pionnier qui a contribué à transformer l’industrie maritime, en conjuguant rigueur professionnelle, vision environnementale et sens du collectif.
Dès ses débuts chez Transport Desgagnés en 2009, Daniel Côté s’engage activement dans les initiatives environnementales de l’entreprise. « Toute l’implication avec l’Alliance verte, c’est certain que ça a marqué ma carrière », confie-t-il d’emblée. Avoir réussi à atteindre les plus hauts niveaux du programme de certification environnementale représente d’ailleurs une grande fierté.
« Atteindre le 5 sur 5 était un objectif pour moi, c’est une belle réalisation, dit-il, le sourire aux lèvres. C’était important d’y arriver parce que c’est plus qu’un chiffre, c’est une illustration de l’évolution de la culture de l’entreprise à l’interne et de la perception de Desgagnés au sein de l’industrie à titre de vrai leader. »
Depuis son entrée en poste, en 2009, Daniel multiplie les projets, comme la mise en place du recyclage à bord qui mènera à la toute première certification « Ici on recycle » d’un navire. Aujourd’hui, d’autres navires de la flotte Desgagnés sont aussi certifiés et l’équipage est maitre d’œuvre de ces réalisations grâce à l’approche pragmatique et collaboratrice qu’il a mise sur pied. « Il ne faut pas imposer et obliger; il faut mobiliser, explique-t-il. Commencer petit, avec un projet pilote, et bâtir sur ce succès. »
S’il a pu mettre de l’avant des idées novatrices, c’est beaucoup parce qu’il a été appuyé par la haute direction, particulièrement le président et chef de la direction, Louis-Marie Beaulieu. Daniel cite en exemple la transition vers des navires alimentés au gaz naturel liquéfié, auquel il a collaboré, notamment pour faire la preuve économique de ce type de propulsion. « Parfois ces investissements-là ne payent que sur le long terme, il faut regarder sur des décennies, explique-t-il. Même quand le contexte change, il faut s’adapter, faire preuve de vision et garder le cap sur l’innovation, et il est comme ça Louis-Marie, il est capable de prendre des risques et quand il s’engage, il ne vire pas de bord. »
Ingénieur de formation, Daniel aurait pu suivre bien des chemins. Mais c’est la dimension sociale de l’environnement qui l’attire irrésistiblement. « J’avais besoin de me dire que j’aide, que je contribue à la société. Même à petite échelle, ça a toujours été mon moteur », explique-t-il. Malgré des offres dans d’autres secteurs, il choisit l’environnement, quitte à faire des compromis sur le salaire, parce qu’il y trouve un sens profond.
Le secteur maritime lui offre un terrain de jeu à la hauteur de ses ambitions :
L’environnement était stratégique, les mandats étaient passionnants. J’ai eu la chance de toucher à tout, d’implanter des systèmes, de participer à l’Alliance verte. Ce programme, c’est vraiment une approche d’industrie, on travaille ensemble à améliorer l’environnement.
L’un des projets qui lui tient particulièrement à cœur est celui d’observation des mammifères marins. Le projet est né d’une présentation du ROMM (Réseau d’observation des mammifères marins) et de la Fédération maritime du Canada à GreenTech, le colloque annuel de l’Alliance verte, en 2014, qui présentaient le Guide de navigation Navires et baleines de l’Atlantique Nord : « J’ai eu une illumination et je me suis dit, on peut faire quelque chose à bord de nos navires, c’est pour nous ça! » Fidèle à son approche, il a commencé par un essai sur un navire et l’initiative a vite fait boule de neige, au sein de la flotte de Desgagnés mais aussi ralliant de nombreux joueurs de l’industrie : Algoma, Fednav, la Société des Traversiers du Québec, Oceanex, CSL, Marine Atlantique, pour n’en nommer que quelques-uns. Daniel y voit un bel accomplissement : « c’était important pour moi de montrer du leadership dans l’industrie, d’être présent et d’inspirer les autres à suivre. »
Daniel a été un témoin privilégié de la montée en puissance de l’Alliance verte, à laquelle il a contribué dès ses débuts chez Desgagnés en 2009. « J’ai senti un vrai virage quand l’Alliance verte a pris de l’ampleur. L’impact sur l’industrie a été majeur, surtout quand le programme s’est développé davantage aux États-Unis. Les propriétaires ont vu l’avantage de s’engager collectivement. » Il apprécie particulièrement le fait que le programme traite d’une variété d’enjeux, en évitant la vision tunnel de la décarbonation.
« Daniel est un véritable champion de l’Alliance verte, témoigne David Bolduc, président-directeur général de Green Marine International. Son implication et sa motivation exemplaires ont marqué l’évolution du programme depuis 2010. Son apport technique a été inestimable pour faire progresser non seulement notre programme, mais aussi l’ambition environnementale de toute l’industrie maritime. »
À l’aube de sa retraite, Daniel Côté espère que l’Alliance verte continuera sur sa lancée et s’étendra encore plus sur la scène mondiale. Il croit aussi que les aspects RSE (responsabilité, société, environnement) sont de plus en plus pressants et doivent continuer de s’ajouter au programme de l’Alliance verte, en impliquant un plus vaste éventail d’intervenants. « On demande beaucoup aux armateurs, dit-il. Il faut interpeller les expéditeurs aussi parce que les compagnies maritimes ne peuvent pas assumer seules la facture de l’innovation et de la décarbonation, je verrais bien une nouvelle catégorie pour certifier les expéditeurs, avec leurs indicateurs et critères. »
Au fil des années, ce qui l’a le plus marqué, c’est l’esprit de collaboration unique qui règne dans l’industrie maritime : « J’ai travaillé dans plusieurs secteurs, mais c’est la seule industrie où j’ai vu autant de partage d’information entre compétiteurs. Il y avait une base de travail en commun, un vrai terreau pour des activités collectives. »
À la présidence du comité consultatif Saint-Laurent, Daniel a su animer les discussions et favoriser l’implication de tous.
« Ce que j’aimais, c’était d’aller chercher l’opinion de chacun, d’impliquer les groupes environnementaux, de créer un espace où les idées s’affrontent dans le respect. J’aime débattre, animer, susciter des échanges. C’est comme ça qu’on fait grandir l’industrie.»
Même lorsque les débats étaient vifs, Daniel veillait à ce que le respect demeure la règle d’or. « On peut s’accrocher, mais on ne peut pas se manquer de respect. Les chocs d’idées, c’est ce qui fait avancer, à condition que ce soit bien fait. »
Son humanité est d’ailleurs un des aspects qui manquera à David Bolduc lors des réunions de l’Alliance verte : « Au-delà de ses compétences, c’est sa personnalité chaleureuse et enjouée qui a su insuffler de la vie à nos réunions et conférences, et qui continuera d’inspirer notre communauté. »
C’est ce qui lui a valu le respect de ses pairs de l’industrie dans la vaste région du Saint-Laurent et des Grands Lacs, notamment au sein du Comité environnement maritime de la Chambre de commerce maritime (CCM), auquel il a participé pendant plus de 15 ans dont 12 à titre de président.
La CCM et ses membres ont bénéficié du leadership et de la collégialité de Daniel, qui a joué un rôle clé dans l'élaboration de nos politiques et initiatives environnementales.
Impossible pour Daniel de choisir un seul groupe de travail marquant, tant il s’est investi dans de multiples dossiers. Il se souvient néanmoins du défi posé par la gestion des eaux huileuses : « On ne savait pas trop où on s’en allait, il a fallu travailler fort pour proposer une base, trouver un consensus. C’était exigeant, mais on a réussi à avancer. »
Pour lui, l’essence du programme Alliance verte réside dans la capacité à fixer des objectifs ambitieux mais atteignables, et à garder le cap sur l’amélioration continue : « Il faut toujours un challenge, mais il faut que ce soit réaliste. »
Témoin de l’évolution du programme, Daniel constate avec satisfaction l’élargissement du membership et la diversification des indicateurs de performance.
« Aujourd’hui, il y a de plus en plus de gens qui s’impliquent, ce n’est plus seulement les mêmes personnes qu’au début. C’est la preuve que le programme est un succès et que les gens veulent contribuer. »
Il souligne aussi la complexité croissante de la gestion, mais salue la capacité de l’équipe de l’Alliance verte à maintenir la cohésion et l’efficacité malgré la croissance.