Par Julie Gedeon

Corridors maritimes verts — Halifax à Hambourg

Décarbonation

Les ports de Halifax et de Hambourg s’associent pour la décarbonation de leur corridor commun en Atlantique Nord

Le 29 septembre dernier, l’Administration portuaire de Halifax et l’Administration portuaire de Hambourg ont signé un protocole d’entente qui dresse les grandes lignes de leur engagement à collaborer pour la décarbonation de leur corridor transatlantique commun. « Cette collaboration prend tout son sens puisque notre port traite déjà beaucoup avec Hambourg, et aussi parce qu’il existe une bonne entente de longue date entre le capitaine Gray et le PDG de l’Administration portuaire de Hambourg, Jens Meier. Cette initiative réunit donc deux ports qui ont une même approche, et favorisera une émergence sectorielle qui profitera à de nombreux intervenants », explique le directeur des communications et du marketing, Lane Farguson.

Les deux ports s’engagent à favoriser la collaboration en mobilisant les partenaires de la chaîne de valeur, les compagnies maritimes et d’autres parties prenantes concernées en vue d’accroître la disponibilité et l’utilisation écoénergétique de ce corridor.

« Depuis qu’il est devenu PDG du Port de Halifax il y a presque trois ans, le capitaine Allan Gray a insufflé une nouvelle orientation pour favoriser le développement durable et l’engagement communautaire afin de mieux répondre à certains enjeux incontournables, comme la décarbonation de la chaîne d’approvisionnement », affirme M. Farguson.

Le protocole d’entente prévoit une collaboration entre les deux ports en vue d’instaurer les conditions favorables à la décarbonation, en préconisant notamment l’harmonisation des mesures réglementaires et de sécurité. L’objectif est de se doter d’infrastructures de soutage au Port de Halifax pour l’exportation d’hydrogène propre et de ses dérivés, et d’infrastructures correspondantes au Port de Hambourg pour importer des sources d’énergie plus écologiques.

« Le mois de novembre 2022 marquait le premier anniversaire de l’initiative “PIER at Seaport”, qui propose un carrefour dynamique pour l’innovation portuaire, l’engagement et la recherche, ajoute M. Farguson. Parmi les partenaires fondateurs de ce projet figurent notamment le Port de Halifax, le CN et PSA International (propriétaire de PSA Halifax, l’un des participants de l’Alliance verte). On y retrouve aussi d’autres grandes entreprises établies qui se sont jointes à l’initiative en cours de route et qui collaborent de manière créative avec des start-ups innovantes. »

Le corridor Halifax-Hambourg est déjà sillonné régulièrement par d’importantes compagnies maritimes.

Il y aurait là une véritable occasion si nous pouvions trouver le bon type d’énergie verte pour alimenter les navires océaniques dans l’Atlantique Nord.

Lane Farguson, directeur des communications et du marketing à l'Administration portuaire d'Halifax

Les navires pourraient faire le plein à Hambourg et se ravitailler ensuite en carburant alternatif à Halifax pour leurs déplacements en Amérique du Nord et le retour à leur port d’attache. »

Le protocole d’entente prévoit également d’examiner des sources d’énergie propre pour les grues et les équipements de chantier, l’objectif étant de parvenir à la décarbonation totale des chaînes d’approvisionnement le long de ce corridor. « Cela dépendra du type de technologies pratiques qui verront le jour à partir de l’hydrogène propre ou de ses dérivés pour ces activités d’exploitation portuaire », ajoute M. Farguson.

Plusieurs provinces atlantiques ont déjà commencé à évaluer la faisabilité des mégaprojets qui seront nécessaires pour la production d’hydrogène propre ou de ses dérivés, de sorte que l’on puisse desservir l’industrie du transport maritime. « Si l’on arrive à en produire à une échelle suffisante, c’est sûr qu’il y aura un potentiel pour l’exportation en Europe », souligne M. Farguson.

« Nous devrons aussi trouver une source d’énergie propre pour scinder la molécule d’eau afin d’en extraire les atomes d’oxygène et d’hydrogène, explique M. Farguson. Nous ne serons pas plus avancés s’il faut utiliser de l’électricité produite au charbon pour ce faire… On trouvera peut-être comment se servir de l’énergie solaire, éolienne ou des marées, ou sinon de l’hydroélectricité exportée de Terre-Neuve. Et là on fera des progrès au chapitre de la décarbonation. »

Farguson conclut en disant que le défi sera désormais de recenser et de promouvoir les projets qui permettront aux ports de progresser vers leurs objectifs communs de décarbonation.

 

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