Les défis financiers auxquels sont confrontés les armateurs en termes d’entretien et de renouvellement de leur flotte diffèrent au Canada et aux États-Unis en raison de la réglementation. Au Canada, le renouvellement de la flotte se fait activement depuis que le gouvernement fédéral a abrogé un tarif douanier de 25 % en 2010. Depuis, les navires construits à l’étranger peuvent être achetés avec un affranchissement des droits de douane s’ils sont utilisés dans les eaux intérieures, ce qui rend leur coût plus abordable que ceux fabriqués en Amérique du Nord. Par conséquent, les principaux armateurs canadiens – qui participent tous à l’Alliance verte – ont placé des commandes régulières pour de nouvelles constructions, en évaluant soigneusement chacune d’entre elles dans le but d’améliorer l'efficacité et, dans certains cas, de bonifier les technologies de la commande suivante. Voici les réalisations à cet égard de la société Algoma Central, de Canada Steamship Lines, de Fednav et du Groupe Desgagnés.
Au cours de la dernière décennie, la société Algoma Central a amélioré la durabilité de sa flotte domestique de vrac solide, en commençant par la livraison de son premier navire de classe Equinox, en 2013. Depuis, neuf autres navires de la même classe ont été mis en service.
Nous avons encore deux navires de classe Equinox en chantier, soit l’Algoma Bear et l’Algoma Endeavour, qui devraient tous deux arriver en 2024.
Depuis le processus initial de conception de la classe Equinox en 2010 par la société Algoma, l’entreprise n’a cessé d’améliorer l’efficacité de concept original, si bien que la nouvelle version est devenue la classe « Equinox 3.0 ». « En 2021, le navire Captain Henry Jackman, qui est le 10e bâtiment de cette classe et le premier à intégrer la conception 3.0, affiche une plus grande portée en lourd utile, des panneaux d’écoutille en aluminium plus légers et un double gouvernail à conception améliorée », explique M. Wright.
L’an prochain, on y installera également la technologie FuelOpt qui permettra d’optimiser la propulsion. La société Algoma avait initialement fait l’essai de ce système à bord de l’Algoma Conveyor, en 2021. « Le système FuelOpt permet le suivi et le contrôle automatique et dynamique de la puissance de propulsion du navire en temps réel, ce qui a engendré une réduction de 10 % de la consommation de carburant en vitesse de croisière », souligne M. Wright.
Depuis, Algoma a installé la technologie FuelOpt sur neuf de ses navires de classe Equinox, et la société prévoit l’intégrer également à bord du Captain Henry Jackman, en 2023, en plus d’autres aménagements.
« En juillet, nous avons défini de nouveaux objectifs pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 40 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2008, et pour atteindre un bilan net-zéro d’ici 2050 dans toutes nos unités commerciales, affirme M. Wright. »
L’atteinte du net-zéro nécessitera toutefois une collaboration avec de nombreux partenaires.
Tous les navires de la classe Equinox sont équipés d’un système d’épuration des gaz d’échappement en circuit fermé. « Les essais que nous avons réalisés à bord de l’Algoma Equinox, en 2017, ont montré que ces épurateurs permettaient d’éliminer 98,3 % des émissions d’oxydes de soufre, 43 % des émissions de matières particulaires en suspension, et 7 % des émissions d’oxydes d’azote, raconte M. Wright. Et d’autres études ont montré que les épurateurs permettent d’éliminer de 20 % à 50 % des émissions de carbone noir. Bref, tout cela prouve qu’il s’agit d’une technologie efficace qui répond aux exigences de teneur en soufre en vigueur dans les zones de contrôle des émissions, tout en réduisant d’autres émissions atmosphériques. »
Depuis 2018, la société travaille en étroite collaboration avec l’un des partenaires de l’Alliance verte, Beaverlabs Software, pour la mise en service d’un logiciel personnalisé de surveillance du rendement des navires. « Nous avons fait l’acquisition de l’outil Prism, qui facilite l’analyse d’un large éventail de paramètres de performance des navires et de la machinerie, et qui permet une comparaison des données de performance des navires actuels par rapport à ce qui se faisait auparavant dans un même corridor », explique M. Wright.
En 2021, l’entreprise a mis sur pied une équipe à l’interne chargée de collaborer avec des parties prenantes clés afin d’examiner de nouvelles approches pour la décarbonation de la flotte. « Ce groupe de travail continue ses recherches sur les technologies évolutives et les innovations, et on envisage de faire l’essai des biocarburants à bord d’un navire l’année prochaine », précise M. Wright.
La société entreprend aussi d’autres démarches pour améliorer la durabilité des navires, notamment dans le cadre d’un projet de recherche avec Transports Canada pour quantifier les impacts des revêtements de coque sur l’efficacité le long des trajets qu’ils empruntent dans les Grands Lacs et le long de la Voie maritime du Saint-Laurent.
Photos : Algoma Central Corporation
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Depuis une décennie, Canada Steamship Lines (CSL) a réalisé d’importants investissements pour renouveler sa flotte dans les Grands Lacs, à commencer par l’introduction de ses navires de classe Trillium, de 2012 à 2014. Son plus récent navire, le MV Nukumi, est le premier laquier diésel-electrique et le premier navire équipé d’un système à pointe de chargement unique en exploitation au Canada.
Grâce à sa flotte moderne et efficace, CSL avait déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % en 2021.
Nous en sommes à 86 % de progression vers notre objectif de réduction d’ici 2030, qui sera de réduire nos émissions de CO2 par tonne de marchandises de 35 % par rapport à 2005.
« Nous affichons actuellement un taux annuel total de réduction des émissions de GES de 2,6 % par tonne et mille marin, donc nous sommes sur la bonne voie pour atteindre la cible de décarbonation de l’Organisation maritime internationale pour réduire de moitié les émissions à l’horizon 2050 par rapport aux niveaux de 2008. »
Afin de maximiser l’efficacité, les six navires de classe Trillium exploités dans les Grands Lacs – à l’instar des trois autres qui appareillent en eaux internationales – sont équipés de moteurs Tier 3 à rendement élevé, ainsi que d’un moteur principal à commande électronique et d’un système de bord de surveillance du carburant. Avec un seul litre de carburant, les navires de classe Trillium peuvent transporter une tonne de marchandises sur 558 kilomètres (comparativement à 224 kilomètres pour le rail et 49 kilomètres pour un camion).
Équipé de moteurs diésel-électriques Tier 3, d’un système de traitement des eaux de ballast et d’un dispositif de récupération de chaleur, le MK Nukumi a effectué son voyage inaugural le 31 janvier dernier.
Équipé de moteurs diésel-électriques Tier 3, d’un système de traitement des eaux de ballast et d’un dispositif de récupération de chaleur, le MK Nukumi a effectué son voyage inaugural le 31 janvier dernier. « Ce navire émet environ 25 % moins de gaz à effet de serre et 80 % moins de polluants atmosphériques nocifs que le navire qui desservait auparavant les mêmes corridors en eau de mer, explique Mme Sykora. Il est également plus silencieux, ce qui contribue à protéger les écosystèmes marins et les espèces en voie de disparition des effets du bruit sous-marin, notamment pour la baleine noire de l’Atlantique Nord. »
Depuis trois ans, les navires de CSL ont aussi accumulé plus de 30 000 heures de fonctionnement dans le cadre d’une initiative sur le biodiésel. Il s’agit de la plus longue période d’essai du genre à l’échelle mondiale. « Nous avons réussi à réduire les émissions de dioxyde de carbone de 80 % sur l’ensemble du cycle de vie comparativement à l’alimentation au mazout marin, » souligne Mme Sykora.
a représente 43 000 tonnes métriques de moins en émissions carbone dans l’atmosphère, soit l’équivalent de 9 300 véhicules automobiles de moins par année sur les routes.
« CSL poursuit ses efforts pour la décarbonation de ses activités en intensifiant le recours aux biodiésels dans l’ensemble de sa flotte. Nous menons aussi une étude sur la faisabilité de l’alimentation à quai au Canada, en plus de celle qui est déjà en cours en Australie. Et nous continuons de miser sur notre système O2 et les données numériques pour maximiser l’efficacité de nos navires », conclut Nathalie Sykora.
Photos : Canada Steamship Lines
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En 2015, Fednav s’est lancée dans un important programme de rajeunissement de sa flotte en plaçant 25 nouveaux navires à grande efficacité au carnet de commandes de chantiers navals japonais pour les six années suivantes. « Et nous en avons rajouté il y a deux ans dans le cadre d’une autre commande de 10 navires supplémentaires », raconte le vice-président de la flotte de Fednav, Martin Krafft.
Grâce à ces investissements continus dans le renouvellement de sa flotte, Fednav avait réussi à réduire ses émissions de 22 % en 2021, et était en bonne voie d’atteindre l’objectif de réduction de l’Organisation maritime internationale fixé à 50 % des émissions de carbone d’ici 2050.
Fednav a équipé toute sa flotte d’un logiciel d’optimisation des voyages, et l’utilise sur chaque trajet.
L’optimisation du profil de vitesse de chaque navire présente un potentiel important, et cela se répercute positivement sur le bilan de consommation en carburant et les émissions connexes.
Une équipe interne d’architectes navals travaille en permanence avec les constructeurs et d’autres partenaires externes pour optimiser davantage l’hydrodynamique et la consommation énergétique à bord de ses navires. « Et nous nous employons sans cesse à réduire notre empreinte en investissant dans les solutions en carburant les plus avancées et les plus écoénergétiques pour notre flotte », reconnaît M. Krafft.
Photos : Fednav
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Le Groupe Desgagnés a considérablement réduit son empreinte environnementale en investissant dans de nouveaux navires-citernes capables de fonctionner au gaz naturel liquide (GNL) lorsque c’est possible, en vue de réduire l’empreinte environnementale de sa flotte à un niveau inégalé au Canada.
« Ces navires peuvent contribuer à réduire les émissions de GES de 20 % à 35 % lorsque tous les volets sont mis à contribution, c’est-à-dire la propulsion au gaz naturel liquéfié, la conception à faible émanation de méthane et les améliorations pour l’efficacité énergétique », affirme le conseiller principal en environnement chez Desgagnés, Daniel Côté.
Les quatre navires-citernes de nouvelle génération de la compagnie ont tous été construits sur mesure d’après le concept original élaboré par le Groupe Desgagnés. Ce concept optimise la sécurité, l’efficacité opérationnelle et la performance environnementale, tout en équipant les navires en vue d’affronter les conditions de navigation souvent plus difficiles dans le Nord du Québec et dans les Grands Lacs grâce à la certification Polar 7.
Au coût total de 200 millions de dollars, les quatre nouveaux navires-citernes ont tous été construits au chantier naval turc Besiktas, à Yalova près d’Istanbul. « Chacun à leur façon, ces nouveaux navires résultent de multiples innovations, ajoute M. Côté.
Ils reflètent concrètement la vision et le leadership de Desgagnés pour la sécurité, l’environnement et le développement durable dans le domaine du transport de produits pétroliers raffinés ou d’autres produits chimiques.
Photos : Groupe Desgagnés
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