Par Julie Gedeon

Des critères spécifiques aux chantiers maritimes à l'Alliance verte

Approche collaborative

Les chantiers maritimes qui participent à l’Alliance verte disposent désormais de leur propre ensemble d’indicateurs de performance environnementale, alors qu’ils partageaient auparavant les mêmes critères que les terminaux. Ces critères distincts ont été définis pour permettre aux chantiers maritimes de les utiliser dans leur prochaine évaluation, pour l’année d’opération 2023.

« C’est stimulant, parce que ces changements découlent de la solide croissance des participants au volet des chantiers maritimes, et de leur enthousiasme pour le programme », souligne la directrice de programme de l’Alliance verte, Brittney Blokker, qui a supervisé les efforts du groupe de travail pour les chantiers maritimes.

Le responsable des questions de durabilité à la Washington State Ferries, Kevin Bartoy, participe activement à ce groupe de travail et se réjouit que les chantiers maritimes disposent désormais de leurs indicateurs exclusifs. « Si le programme compte aujourd’hui suffisamment de chantiers pour nous permettre une telle démarche, c’est que l’Alliance verte a atteint une maturité indéniable, » dit-il.

Ce sera vraiment intéressant de pouvoir mettre en relief les priorités environnementales des chantiers maritimes à l’avenir, et de reconnaître les efforts en ce sens. 

Kevin Bartoy, WSF
Des chiffres probants

L’adhésion des chantiers maritimes a connu une hausse de 50 % au cours de la dernière année civile seulement, ce qui fait écho à la relance des chantiers maritimes nord-américains. « Aux États Unis, en particulier sous l’administration fédérale actuelle, les aspects environnementaux des demandes de subvention des chantiers maritimes sont de plus en plus comptabilisés par la U.S. Maritime Administration, note Mme Blokker. La tendance pourrait fléchir, mais il est évident que le gouvernement s’intéresse de plus en plus aux politiques plus vertes.»

Nos membres du secteur des chantiers maritimes sollicitent de plus en plus de conseils pour accroître la durabilité de leurs activités. 

Daryl Lawes, directeur principal des questions environnementales de la société Seaspan, se réjouit lui aussi que les chantiers maritimes aient désormais leurs propres indicateurs de performance.

L’Alliance verte nous a fourni un excellent modèle pour continuer à améliorer nos performances environnementales d’année en année.

Daryl Lawes, Seaspan

« C’est donc avec intérêt que nous attendons les futures orientations du programme pour améliorer encore la durabilité environnementale de nos chantiers maritimes, » déclare-t-il. Bien que la plupart des critères pour les terminaux s’appliquent aussi aux chantiers maritimes, il y a quelques exceptions, comme l’exigence de minimiser les résidus de cargaison.

Le groupe de travail sur les chantiers maritimes a tenu une série de réunions d’avril à octobre 2022 pour s’assurer que les chantiers maritimes soient bien ciblés dans le cadre de ces critères distincts. Le conseil d’administration de l’Alliance verte a entériné ces indicateurs au printemps.

« Nous avons maintenant une solide base d’indicateurs exclusifs aux chantiers maritimes, et quelques nouveaux objectifs », explique Mme Blokker.

Le changement le plus notable concerne l’indicateur sur les émissions de gaz à effet de serre. « Les participants au volet des chantiers maritimes ont choisi de fixer au niveau 4 les objectifs de réduction pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. C’est un changement considérable qui témoigne de la volonté commune au sein de ce groupe de définir des objectifs ambitieux », explique Brittney Blokker.

De nouvelles possibilités

Cette nouvelle série d’indicateurs de performance forme une base pour en ajouter d’autres ultérieurement. Du reste, le groupe de travail discute déjà de certaines questions environnementales liées aux activités des chantiers maritimes et qui ne figurent pas encore au programme.

« Le premier domaine sera probablement celui des émissions atmosphériques générées par l’enlèvement ou l’application de revêtements de coque, explique Mme Blokker. On parle ici du sablage, des opérations de peinture et d’autres processus de revêtement qui s’effectuent régulièrement dans les chantiers maritimes. »

Les participants du volet des chantiers maritimes souhaitent également se pencher sur le traitement des déchets dangereux.

Il y a encore beaucoup de carburants, d’huiles et de lubrifiants extraits des navires qui ne sont pas encore vraiment pris en compte dans l’indicateur de performance actuel sur la gestion des matières résiduelles.

Brittney Blokker

Les relations avec la communauté sont aussi au nombre des enjeux. « Historiquement, les chantiers maritimes étaient situés en zone industrielle avec d’autres industries, mais le voisinage est de plus en plus occupé par des quartiers résidentiels puisque le littoral est très prisé, explique Mme Blokker. Toutefois, ces relations ne se gèrent pas de la même façon, et les chantiers maritimes voudraient certainement être mieux conseillés en ce sens. »

Brittney Blokker, qui a rejoint l’équipe de l’Alliance verte en septembre 2021, félicite le groupe de travail pour son enthousiasme à partager les pratiques exemplaires. « C’est un groupe de travail diversifié et bien équilibré, dont les membres proviennent autant du côté américain que canadien, et où l’on retrouve d'anciens et de nouveaux participants. Tous sont désireux de travailler en réseau, de discuter des enjeux et d’échanger de l’information et des idées, dit-elle. Ils contribuent aussi à diffuser divers conseils en matière d’environnement à l’intention des autres exploitants de chantiers maritimes, et à promouvoir la reconnaissance qu’ils ont obtenue pour leurs efforts environnementaux dans le cadre du programme de l’Alliance verte. »

Coordination avec l’Europe

Mme Blokker collabore étroitement avec sa collègue de l’Alliance verte, Véronique Trudeau, afin d’harmoniser l’évolution du programme de certification nord-américain avec les récents indicateurs de performance pour les chantiers maritimes du programme Green Marine Europe.

« L'année dernière, Green Marine Europe avait aussi créé son groupe de travail chargé d’élaborer des indicateurs pour les chantiers maritimes, souligne Mme Trudeau. Composé de représentants des chantiers maritimes, d’associations membres et d’organismes environnementaux, ce groupe de travail examine les progrès de l’Alliance verte en Amérique du Nord pour définir un cadre parallèle, tout en s’assurant que les niveaux 2 à 5 surpassent suffisamment la réglementation européenne. »

Certains des critères proposés pour le volet nord-américain sont déjà obligatoires selon la réglementation européenne, mais les autres seront arrimés le mieux possible.

Il faut continuer de collaborer pour que les deux programmes abordent les mêmes questions et de la même manière, dans la mesure du possible.

Véronique Trudeau, Alliance verte

Brittney Blokker se dit heureuse que le groupe de travail de Green Marine Europe ait accepté de réviser les indicateurs de performance. « Nous avons déjà apporté quelques modifications au programme nord-américain d’après la contribution européenne, relate-t-elle. Nos homologues européens s’intéressent particulièrement à l’évaluation du cycle de vie pour étalonner les progrès, et nous pourrions à un moment donné nous inspirer de leur travail dans ce domaine. »

D’après Kevin Bartoy, l’un des points forts de l’Alliance verte, est justement la possibilité d’apprendre des autres. « Je suis très heureux du prolongement de l’Alliance verte en Europe parce que les chantiers maritimes sont confrontés à de nombreux défis qui sont similaires, que ce soit au Canada, en France, en Italie ou aux États-Unis, dit-il. Ce sera formidable de disposer d’un éventail élargi d’idées et d’expériences pour faire face aux problèmes communs. »

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