Par Julie Gedeon

L’empreinte écologique plus verte du transport maritime séduit les jeunes travailleurs

Main d'oeuvre

L’industrie maritime est confrontée à des problèmes majeurs pour recruter une main-d’œuvre suffisante. Au Canada par exemple, une récente enquête de Transports Canada révélait que 43 % des travailleurs maritimes prendraient leur retraite au cours de la prochaine décennie, dont 52 % des ingénieurs mécaniciens et 47 % des officiers de pont.

Par conséquent, il faudra embaucher environ 19 000 nouveaux travailleurs durant les dix prochaines années pour l’exploitation des navires commerciaux, ce qui équivaut à 68 % de la main-d’œuvre. Du reste, ces estimations ne tiennent pas compte des remplacements nécessaires au sein de la Marine canadienne ou de la Garde côtière, ni des postes liés aux autres responsabilités maritimes du gouvernement fédéral. Ce défi survient alors que le taux de chômage au Canada atteignait son plus faible niveau en 50 ans, en avril 2023, et que les Canadiens au bord de la retraite (de 54 à 65 ans) représentent 22 % de la population, ce qui est un record absolu.

Du côté des bonnes nouvelles, on constate que les jeunes recherchent des milieux de travail moins traditionnels et des emplois qui s’accordent avec leurs valeurs pour un avenir plus durable. Malgré cela, il n’est pas aisé de leur faire découvrir les emplois plus verts que propose le secteur du transport maritime.

Trois organismes s’emploient actuellement à trouver des solutions à ces enjeux, soit la Fondation des carrières maritimes canadiennes (FCMC), le Centre pour le transport maritime responsable Clear Seas, ainsi que le Comité sectoriel de main‑d’œuvre de l’industrie maritime (CSMOIM).

« Le vieillissement de la population pose un véritable défi, affirme la directrice générale de la Fondation, Julia Fields. Nous devons être concurrentiels vis-à-vis de nombreuses autres industries qui se disputent les mêmes talents. »

La Fondation (qui figure parmi les supporteurs de l’Alliance verte) sert de porte-voix pour sensibiliser les Canadiens aux possibilités de carrière, aux formations offertes et aux programmes d’aide aux études. Elle vise également à faire le pont entre les travailleurs potentiels et les employeurs par l’intermédiaire de son portail Imagine Marine. « Ce site est conçu pour que chacun puisse s’informer à propos des carrières maritimes, des différents établissements et programmes de formation, ainsi que des bourses disponibles », précise Mme Fields.

Un portail d’emploi populaire

Lancée vers la fin de juillet, la section d’offres d’emploi du portail Imagine Marine a reçu plus de 20 000 visiteurs au cours de ses deux premiers mois d’existence. « Le site met les employeurs et les travailleurs potentiels en lien direct, mais on y trouve aussi un tableau d’affichage des emplois pour faire découvrir les postes de débutants dans l’industrie maritime à l’intention des jeunes étudiants ou des personnes qui envisagent une deuxième carrière », explique Mme Fields.

Imagine Marine a suivi les conclusions d’une enquête que la Fondation a menée auprès des jeunes de 14 à 29 ans partout au Canada pour connaître leurs attentes professionnelles, savoir comment ils voudraient qu’on les informe des possibilités, et comprendre à quel point ils sont renseignés à propos des possibilités de carrière du secteur maritime.

Selon l’Enquête nationale auprès des jeunes de la Fondation réalisée l’année dernière, l’emploi idéal selon les jeunes combinerait la sécurité d’emploi, un bon salaire, des possibilités d’avancement professionnel et l’harmonisation avec leurs valeurs et objectifs personnels.

Il ne fait aucun doute que l’industrie maritime remplit toutes ces conditions

Julia Fields, FCMC

On a par ailleurs constaté que les jeunes Canadiens ne connaissaient pas bien la diversité des carrières du secteur maritime. La Fondation leur propose donc des campagnes d’information et des programmes de sensibilisation. « Nous avons compris que les jeunes Canadiens étaient ouverts à l’idée de travailler dans l’industrie maritime, mais qu’ils ne savaient pas grand-chose des emplois qu’on y trouve en réalité », dit-elle.

La Fondation n’a donc pas hésité au cours de la dernière année à réduire ce fossé en invitant l’un de ses gestionnaires de programmes à collaborer avec des armateurs et d’autres employeurs du secteur maritime pour organiser des visites de navires dans les Grands Lacs, ou encore des présentations en classe ou des visites de sites en Colombie-Britannique.

Sensibilisation des étudiants

En octobre, la Fondation s’est associée à Éducation Canadian Geographic pour lancer le Mois marin canadien. Durant tout le mois, l’initiative ciblait principalement les élèves de la 5e à la 8e année, mais les ressources en ligne gratuites permettaient aussi à tout un chacun de se familiariser avec les possibilités de carrière dans l’industrie maritime et de communiquer directement avec des experts de partout au pays dans le cadre de rendez-vous virtuels en direct.

Nous sommes ravis de notre partenariat avec Éducation Canadian Geographic, dont les ressources sont utilisées par quelque 25 000 enseignants auprès des élèves de la maternelle à la 12e année 

Julia Fields, FCMC

Grâce à cette initiative, les élèves peuvent non seulement discuter avec un capitaine de navire ou un ingénieur maritime, mais ils ont aussi accès à un cahier d’activités lié au programme scolaire où, à titre d’exemple, on mettra à contribution la géographie pour développer des compétences en cartographie. Les élèves qui s’intéressent à des études en génie ou en science peuvent aussi y découvrir diverses avenues vers le secteur maritime.

Par ailleurs, l’enquête a révélé qu’au moins 20 % des jeunes Canadiens s’intéressaient à un emploi en plein air. « Les emplois de 9 à 5, ce n’est pas pour tout le monde, admet Julia Fields. Il faut simplement rejoindre les personnes qui aimeraient travailler à l’extérieur et sur des quarts moins traditionnels. » La Fondation leur tend la main en mettant en valeur le visage plus aventurier du domaine, les sites uniques et pittoresques qu’on peut fréquenter, ainsi que la connexion avec la nature que vivent les gens de l’industrie d’un océan à l’autre.

Le secteur maritime a également obtenu de bons résultats du point de vue des jeunes qui disent souhaiter une carrière intéressante et enrichissante. Les trois quarts (76 %) des personnes interrogées considèrent que ce secteur répond aux impératifs de durabilité environnementale et de protection des voies navigables et des écosystèmes.

Les jeunes veulent faire partie d’entreprises qui se préoccupent de l’environnement et qui agissent concrètement pour témoigner de leur responsabilité à cet égard. À la Fondation, nous sommes convaincus que l’industrie dispose là d’un véritable atout pour les attirer

Julia Fields, FCMC

« C’est pourquoi nous voulons mettre en vitrine les mesures que prend l’industrie pour se surpasser, comme le programme de l’Alliance verte pour réduire l’empreinte écologique, les essais réalisés sur des technologies vertes et des carburants de remplacement, ou encore le soutien à la recherche pour protéger la faune et la flore marines », ajoute-t-elle.

La décarbonation provoquera des changements dans pratiquement tous les aspects de l’industrie maritime. « Non seulement aurons-nous besoin de multiplier les technologies vertes et le nombre de gestionnaires en questions environnementales, mais il faudra aussi de nouveaux programmes de formation pour les équipages et les autres travailleurs de la chaîne logistique ou des chantiers maritimes, pour manipuler les nouveaux carburants », poursuit Julia Fields.

Fossé entre les genres

On a aussi apporté certaines améliorations pour favoriser la présence des femmes à bord des navires. « C’est sûr qu’il y a plus de femmes qu’auparavant dans les postes de direction au sein des administrations portuaires et dans l’exploitation du transport maritime, et que notre industrie en général les intéresse plus qu’avant. Toutefois, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour intéresser les femmes aux métiers de la navigation. »

De fait, une étude réalisée en 2020 par Transports Canada montrait que les femmes n’occupent que de 3 % à 7 % des postes à bord des navires. La Fondation a donc choisi de mettre certaines femmes à l’avant-scène pour que d’autres puissent s’identifier à leur rôle. « Dans nos séries de questions et réponses, nos blogues et nos autres communications, nous racontons également comment les femmes ont intégré cette industrie, ce qu’elles apprécient, comment leur carrière progresse et quel soutien elles reçoivent de la part de l’entreprise », affirme Mme Fields.

L’équilibre travail-vie personnelle est certainement l’un des défis, et les armateurs s’efforcent d’améliorer la situation pour tous les employés puisqu’il s’agit d’un enjeu important pour les jeunes générations. « Certains exploitants ont réduit la durée des rotations pour faire alterner un mois de travail et un autre de congé, précise Mme Fields.

« Ils voudraient aussi donner plus de flexibilité (en particulier pour les congés de maternité) et plus de souplesse dans les postes du volet terrestre pour que les parents d’enfants en bas âge soient à la maison tous les jours. Ça reste quand même l’un des plus grands défis, et nous n’avons probablement pas encore trouvé toutes les solutions. »

La Fondation se penche à présent sur les outils et les ressources qui pourraient être développés dans l’ensemble de l’industrie pour contribuer à l’équité, à la diversité et à l’inclusion dans l’industrie maritime. « Par exemple, nous prévoyons une conférence sur le développement de la main-d’œuvre l’année prochaine, où nous réunirons davantage d’experts et de ressources dans ce domaine », ajoute Julia Fields.

On envisage aussi d’autres études et stratégies, mais ces initiatives dépendent de l’obtention des fonds publics et privés nécessaires. « Par exemple, nous ne disposons pas encore de données très fiables sur les différentes voies d’accès aux carrières maritimes, telles que les taux actuels de diplomation ou les obstacles auxquels les établissements sont confrontés pour attirer ou retenir les étudiants, explique-t-elle. Il faudra aussi mieux connaître les possibilités de stages, ainsi que les meilleurs moyens d’accueillir les gens de la mer formés à l’étranger. »

Julia Fields prévient qu’il est essentiel de recruter suffisamment de travailleurs qualifiés pour pouvoir tirer parti des avantages environnementaux du mode maritime par rapport au transport ferroviaire ou routier (par exemple, par l’entremise du transport maritime courte distance).

« Il faut absolument disposer d’une main-d’œuvre solide et adéquatement qualifiée. Il en va du succès futur de notre industrie, affirme-t-elle. La pénurie de main-d’œuvre touche tous les volets du secteur maritime, parce que s’il faut consacrer plus de fonds au recrutement et à la rétention, il en reste moins notamment pour élargir nos activités ou investir dans les solutions durables. »

Sensibilisation

La Fondation a également collaboré avec la Marine royale canadienne, la Garde côtière canadienne et plusieurs autres ministères fédéraux pour organiser une grande exposition sur les carrières maritimes au Canada, d’abord à Sydney en Nouvelle-Écosse, puis dans différents endroits du Québec et de l’Ontario durant l’automne. « Avec des kiosques d’information et des visites de navires, l’exposition s’adressait à la fois aux élèves du secondaire et aux personnes qui envisagent une seconde carrière », relate Mme Fields.

Au Québec, le Comité sectoriel de main d’œuvre de l’industrie maritime (CSMOIM) intervient sur plusieurs fronts pour sensibiliser les gens aux possibilités de carrière et aux avantages de l’industrie maritime. Le comité sectoriel prend également des mesures pour rendre l’industrie plus accueillante aux yeux des groupes démographiques généralement sous-représentés, et mettre en relief les changements qui seront nécessaires pour un avenir décarboné.

« La stratégie maritime du Québec et le rôle central de l’industrie du transport maritime dans l’acheminement des marchandises pendant la pandémie de COVID-19 ont sensibilisé les jeunes à l’égard de l’industrie maritime, mais il reste encore beaucoup à faire », affirme la directrice générale du CSMOIM, Manou Bernard.

L’attrait de la décarbonation

Elle note que selon l’étude Jeunesse 2023 de Léger, les jeunes générations sont de plus en plus pessimistes quant à l’avenir de la planète, alors que 37 % des jeunes nourrissent une inquiétude grandissante quant à leur capacité à limiter les effets du changement climatique, comparativement à 30 % en 2022.

Nous avons ici une trop belle occasion de montrer les efforts que déploie l’industrie maritime pour changer fondamentalement les chaînes d’approvisionnement grâce à des actions pour une décarbonation complète

Manou Bernard, CSMOIM

« Nous suscitons déjà l’intérêt des jeunes travailleurs potentiels avec l’annonce de corridors maritimes verts, mais nous pourrions en faire encore plus pour sensibiliser les jeunes à l’importance cruciale du Saint-Laurent pour le transport durable, par exemple. »

Il sera essentiel de rejoindre les groupes démographiques traditionnellement sous-représentés, en particulier les femmes, qui se préoccupent davantage de l’environnement. Mme Bernard considère toutefois que ces efforts de recrutement et de fidélisation ne seront couronnés de succès que si chacun se sent accueilli et en sécurité. Par conséquent, le CSMOIM a lancé cet automne un programme de formation sur le harcèlement psychologique et sexuel. Les dix modules, qui présentent chacun des exemples précis tirés de l’industrie, sont accessibles en ligne pour les utilisateurs inscrits, qui peuvent suivre la formation à leur propre rythme.

Si la décarbonation peut engendrer de nouvelles possibilités d’emploi, elle pose aussi de nouveaux défis de formation.

Nous entamons une transition d’une telle ampleur au sein de l’industrie, avec l’accélération des changements technologiques, qu’il devient parfois difficile d’anticiper ce dont l’industrie aura besoin en termes de compétences, même dans un an ou deux

Manou Bernard, CSMOIM

Photo: Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie maritime

Manou Bernard souhaite une plus grande collaboration et des mesures de facilitation entre les enseignants et les intervenants du secteur maritime afin de préciser les nouveaux besoins en formation professionnelle et de suivre leur évolution afin d’adapter le contenu de la formation aux compétences plus vertes qui seront requises.

« Le mieux, ce serait que nous soyons tous et toutes sur la même longueur d’onde afin que le personnel formé puisse facilement passer d’une entreprise à l’autre. Le bassin de main-d’œuvre disponible serait ainsi mieux préparé, conclut Mme Bernard. Je pense aussi que nous pourrions faire beaucoup plus en travaillant ensemble pour organiser des stages pratiques qui facilitent l’intégration au sein l’industrie, tout en incitant ensuite au développement de carrière. »

Clear Seas privilégie le respect et le soutien dans son approche envers les collectivités autochtones

La diversité au sein de la main-d’œuvre constitue l’un des facteurs clés pour favoriser l’embauche ainsi que l’engagement socioéconomique. Au Canada, la population autochtone a augmenté de 9,4 % de 2016 à 2021, soit une hausse de plus de 5,3 % supérieure à la population non autochtone pour la même période. Les jeunes sont encore et toujours plus nombreux parmi la population autochtone que dans le reste de la population : parmi les personnes en âge de travailler, à peine un Autochtone sur six (17,2 %) s’approche de la retraite (de 55 à 64 ans), alors que cette proportion se situe à 22 % dans la population non autochtone au Canada.

Le Centre pour le transport maritime responsable Clear Seas est un organisme de recherche sans but lucratif qui fournit des données factuelles aux gouvernements, à l’industrie et au public sur les questions touchant le transport maritime. Le Centre adopte une approche unique pour relever le défi de la main-d’œuvre en accordant la priorité aux besoins des populations autochtones et de leurs collectivités.

« À Clear Seas, nous avons constaté que de nombreuses collectivités des Premières Nations vivant le long des côtes canadiennes ne sont toujours pas représentées au sein de l’industrie maritime, que ce soit en emploi, sur les questions environnementales ou dans d’autres décisions ou politiques importantes », explique la responsable des programmes autochtones de Clear Seas, Stephanie Hurlburt.

 

Par exemple, on ne s’est probablement pas suffisamment intéressé aux possibilités pour les Premières Nations côtières d’accéder à des emplois au sein de l’industrie maritime tout en continuant de vivre dans leur collectivité. De même, les savoirs traditionnels ont été largement ignorés dans les questions relatives aux écosystèmes régionaux.

Clear Seas, qui compte parmi les supporteurs de l’Alliance verte, travaille actuellement sur deux fronts. Le premier consiste à soutenir les domaines de recherche marine qui tiennent à cœur aux collectivités autochtones.

On incite ainsi les chercheurs autochtones à épouser l’approche d’Albert Marshall, le réputé aîné micmac, dont l’idée d’une « vision à deux yeux » tient compte à la fois des modes de connaissance autochtone et occidental, et de la synergie qui résulte de la combinaison des deux modes.

Bénéficiant de l’aide financière de Mitacs, le Programme de stage destiné aux étudiantes et étudiants autochtones s’adresse aux étudiants postsecondaires autochtones et à ceux qui souhaitent faire des études collégiales ou universitaires comme adultes. Le programme leur donne l’occasion de mener des recherches sur le milieu marin qui revêtent de l’importance pour leur propre collectivité ou pour une autre collectivité autochtone. « Les projets peuvent porter sur tout ce qui concerne les océans ou les cours d’eau douce, et qui constitue un sujet de préoccupation pour une collectivité autochtone », explique Mme Hurlburt.

Jusqu’ici, une quinzaine de stages rémunérés ont été organisés dans trois provinces. Les projets touchent par exemple au mode d’infestation de l’agrile du frêne, qui est arrivé d’Asie sur des palettes déchargées de navires et qui s’attaque aux frênes, lesquels ont une importance culturelle en Ontario. D’autres projets se sont concentrés sur les répercussions de la navigation maritime sur les épaulards de la baie de Burrard, ou encore sur la restauration de parcs à myes dans les territoires traditionnels le long du littoral de la Colombie-Britannique.

Plusieurs stagiaires ont demandé d’effectuer des recherches supplémentaires et peuvent soumettre des demandes pour un maximum de trois projets.

En plus d’aider leur collectivité, ces stagiaires découvrent d’éventuels sujets de recherche ou d’étude à l’université, ce qui les incite bien souvent à s’inscrire à un programme d’études dans le domaine maritime

Stephanie Hulburt

« Les résultats demeurent au sein de la collectivité, à moins que le chercheur et les personnes engagées dans le projet décident de les communiquer à d’autres, ajoute-t-elle. Jusqu’ici, tout le monde a voulu partager ses résultats, mais en s’assurant que cela se fasse selon leurs conditions, ce que nous tenons à respecter. »

Cette mise en commun se traduit sous plusieurs formes. À titre d’exemple, une étudiante a décidé de louer une petite salle pour servir des plats traditionnels à sa collectivité pendant qu’elle parlait de son projet. Un autre a choisi d’interviewer des membres de la collectivité pour son projet et a produit une vidéo sur YouTube avec leur permission. D’autres étudiants ont également produit des rapports universitaires plus traditionnels.

Clear Seas propose aussi un autre programme : le Programme transition de carrière pour les Autochtones. Financé par le groupe Supergrappe des océans du Canada, qui est également supporteur de l’Alliance verte, ce programme avait été initialement conçu pour les personnes en milieu de carrière qui souhaitent intégrer le secteur maritime, mais il est désormais ouvert aux Autochtones qui veulent travailler dans l’industrie maritime, peu importe le stade de leur cheminement professionnel.

Clear Seas a établi un partenariat avec plusieurs instituts de formation, dont le British Columbia Institute of Technology, le College of the North Atlantic et l’initiative ACCESS (Aboriginal Community Career Employment Services Society). En Colombie-Britannique, huit participants ont obtenu l’an dernier leur brevet d’officier de quart, ce qui leur donne les préalables nécessaires pour faire carrière en mer au sein de la Garde côtière canadienne, de BC Ferries et d’autres exploitants de navires ou de remorqueurs. « Ce programme a été vraiment bénéfique et couronné de succès », affirme Mme Hurlburt.

Les participants reçoivent une aide financière, que ce soit pour pouvoir suivre une formation dans une ville où le coût de la vie est plus cher, comme à Vancouver, ou encore pour retourner régulièrement dans leur communauté pendant leurs longues études.

Clear Seas a également offert des subventions aux petites et moyennes entreprises du secteur maritime pour qu’elles proposent des stages aux Autochtones ayant déjà une formation dans certains domaines éventuellement applicable au travail maritime, comme en comptabilité ou en gestion de programmes.

Au cours de la troisième année, nous voulons créer un véritable réseau de soutien, de formation et de subventions salariales autour d’une personne autochtone qui souhaite s’orienter vers le secteur maritime, afin de l’aider dans sa transition

Stephanie Hulburt, Clear Seas

« Nous soutiendrons aussi bien les personnes qui souhaitent rester près de leur collectivité que celles qui n’y tiennent pas. »

L’objectif global est de contribuer à la création d’un environnement durable et inclusif pour l’industrie maritime, qui contribuera à instaurer une économie bleue saine et robuste. Clear Seas soutient également les employeurs en leur offrant une formation sur les compétences culturelles, afin qu’ils soient prêts à accueillir les populations autochtones au sein de leur main-d’œuvre.

« Je ne pense pas qu’il y ait une quelconque intention d’exclure des gens, mais il se peut qu’il y ait encore de l’incertitude quant à la manière d’attirer les Autochtones et de faire en sorte qu’ils se sentent chez eux », explique Mme Hurlburt.