La navigation harmonieuse avec les mammifères marins dans les eaux de l’Est du Canada est désormais plus simple grâce à une série d’outils en ligne mis au point par le Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM) en collaboration avec plusieurs partenaires clés, dont l’Alliance verte.
L’outil Naviguer dans l’habitat des baleines propose des portails distincts pour les armateurs, les pêcheurs commerciaux et les plaisanciers (y compris les kayakistes) pour obtenir tous les renseignements nécessaires afin de naviguer en toute sécurité dans l’habitat des baleines, reconnaître les espèces, consigner les observations et signaler la présence de mammifères marins en difficulté.
« Ces portails distincts donnent à chacun des groupes d’usagers maritimes un accès immédiat et direct à l’ensemble des mesures obligatoires ou volontaires actuellement en vigueur pour protéger les mammifères marins », explique Sonia Giroux, directrice associée du ROMM. « Cela simplifie grandement les choses en regroupant en un seul endroit tous les documents gouvernementaux et autres renseignements pertinents afin de retrouver ou de contre-vérifier rapidement ce qui s’applique actuellement à votre groupe en particulier. »
De plus, grâce à une formation en ligne offerte sur le portail des armateurs, les navigateurs seront mieux à même de reconnaître les baleines et les autres mammifères marins.
« Nous avions commencé par une formation en personne d’une demi-journée pour les navigateurs, mais cela s’avérait parfois difficile compte tenu de la dispersion géographique, des horaires de travail et des mesures de sécurité liées à la COVID-19, souligne Mme Giroux. Maintenant, c’est beaucoup plus pratique de suivre la formation en ligne. »
Par ailleurs, le portail consacré aux pêcheurs contient divers renseignements à propos de solutions novatrices pour la pêche qui permettent de réduire les risques pour les baleines et autres mammifères marins. Du côté des plaisanciers, la formation en ligne fournit des règles de sécurité pour la navigation et le kayak, ainsi que la manière d’identifier les espèces les plus fréquemment rencontrées.
Le ROMM a élaboré cette plateforme étape par étape en partenariat avec les principaux intervenants qui regroupaient, pour les navigateurs, Transports Canada, Pêches et Océans Canada, la Fédération maritime du Canada (l’une des associations fondatrices de l’Alliance verte), WWF-Canada et l’Observatoire global du Saint-Laurent (tous deux supporteurs de l’Alliance verte), ainsi que Canada Steamship Lines, le Groupe Desgagnés et Fednav (tous participants fondateurs de l’Alliance verte), sans oublier l’Alliance verte.
La formation sur l’identification des baleines destinée aux équipages est plus détaillée, car ce groupe continue de contribuer volontairement à la collecte de données. « Au sein du ROMM, nous considérons qu’il est très important de travailler en consultation et d’avoir la rétroaction des personnes qui, nous l’espérons, utiliseront régulièrement nos outils et nos ressources », explique Mme Giroux.
Dans un premier temps, le ROMM a collaboré avec l’Alliance verte afin d’élaborer un programme complet de collecte de données sur les baleines et de monter une formation adaptée à la réalité des armateurs et des exploitants de navires.
L’un des officiers du Groupe Desgagnés était membre observateur du ROMM depuis 1998, si bien que la société a pris les devants pour la déclaration volontaire des données d’observation par les équipages lorsque le programme du ROMM a été officiellement lancé, en 2015. Depuis, les équipages de Desgagnés ont recueilli au-delà de 3 000 observations.
Le Groupe CSL a également commencé à colliger des données à bord de l’un de ses navires au début du programme, et a rajouté plus de 450 observations à la base de données depuis 2015.
Le programme regroupe désormais une douzaine d’armateurs. La majorité des membres d’équipage à bord de la soixantaine de navires participants ont été formés à l’identification et au signalement des cétacés. À la fin de l’année 2021, ces membres observateurs avaient rapporté 8 573 observations depuis la mise sur pied du programme en tant que projet pilote, en 2014, notamment à propos du globicéphale, de l’épaulard et de la baleine à bec commune, qui sont rarement observés.
« Ces membres observateurs se soumettent volontairement à un protocole strict pour consigner les données d’observation, explique Mme Giroux. Nous continuons à faire évoluer la plateforme cette année, et l’un de nos prochains objectifs consiste à simplifier et à réduire la paperasse pour la consignation des données d’observation par les navigateurs. »
Tous les renseignements recueillis grâce à l’outil de saisie en ligne sont centralisés et mis à la disposition du public sur une plateforme de visualisation des données.
Ces renseignements et les illustrations infographiques de chaque portail permettent de mieux faire connaître les baleines et de souligner la nécessité de les protéger...
« Ces renseignements et les illustrations infographiques de chaque portail permettent de mieux faire connaître les baleines et de souligner la nécessité de les protéger et de les préserver en se tenant à bonne distance, en réduisant la vitesse et en prenant d’autres mesures obligatoires ou volontaires dans les zones susceptibles d’abriter les cétacés, précise Sonia Giroux. Ils ont également conscientisé davantage le secteur maritime et favorisé des efforts plus actifs pour réduire les bruits sous-marins perturbateurs, notamment grâce aux objectifs de performance définis par le programme de l’Alliance verte.»
De fait, l’Alliance verte encourage de telles observations. Son critère de niveau 3 (pour la gestion intégrée et les impacts quantifiés) au sein de l’indicateur de performance sur le bruit sous marin reconnaît la participation active des armateurs dans la collecte et la consignation de données sur l’observation des baleines (dans les eaux canadiennes et américaines) grâce à un journal de bord ou à une application permettant de les verser dans une base de données centrale reconnue.
Mieux comprendre chaque espèce s’avère également important pour replacer les mesures de protection dans leur contexte. « Par exemple, le guide du navigateur nous aide à comprendre que la baleine noire de l’Atlantique Nord est très imposante et qu’elle se déplace beaucoup plus lentement que d’autres cétacés », note Mme Giroux, en ajoutant que sa vitesse maximale est le plus souvent de 15 km/h (comparativement à 45 km/h pour les autres baleines), ce qui la rend plus vulnérable aux collisions avec les navires.
« C’est justement ce genre d’information qui fait une réelle différence, affirme Sonia Giroux. Et nous sommes vraiment fiers du travail que nous accomplissons avec tous nos partenaires pour les colliger et les rendre disponibles sur cette plateforme. »