Par Julie Gedeon

Plus loin encore! — Des participants faisant preuve de leadership

Leadership

Quand participation publique, innovation, revitalisation et restauration des habitats sont au rendez-vous

Dans cette rubrique, l’Alliance verte met en vitrine certains de ses participants qui contribuent à relever la barre par rapport à la conformité réglementaire déjà serrée au chapitre environnemental, et qui manifestent un véritable leadership pour le changement grâce à leurs efforts novateurs en matière de durabilité ou d’engagement auprès des collectivités.

Administration portuaire de Montréal

L’Administration portuaire de Montréal a invité le public et les intervenants portuaires à l’aider à imaginer le Port de Montréal à l’horizon de 2030, en faisant valoir leurs idées et en participant à des discussions importantes.

« Le Port de Montréal est un moteur économique pour le Canada puisqu’il facilite les importations et les exportations pour diverses entreprises, mais il s’agit avant tout d’un service public pour les Montréalais ainsi que pour les entreprises et les consommateurs du Québec et de l’Ontario », souligne Mélanie Nadeau, vice-présidente des affaires publiques et des relations avec la communauté pour le compte de l’Administration portuaire de Montréal.

« Notre port fait partie intégrante du paysage urbain, aux côtés des quelque 30 000 adresses municipales qui complètent le voisinage, ajoute Mme Nadeau. Nous sommes donc déterminés à être proactifs – à agir en véritable chef de file – en mobilisant notre communauté au profit des éventuelles retombées mutuelles d’une coexistence harmonieuse. »

L’Administration portuaire vise à intégrer des idées réalisables dans son plan stratégique en vue du 200e anniversaire du port. « 2030 ça peut sembler loin, mais ça arrive quand même vite, constate Mme Nadeau. C’est pourquoi nous explorons dès maintenant des idées nouvelles sur ce que nous pourrions faire de mieux. »

Le public montréalais et les autres intervenants portuaires ont été invités à exprimer leurs points de vue dans le cadre d’un sondage en ligne concernant un ou plusieurs des quatre thèmes retenus, soit l’environnement, la société, l’économie et l’innovation.

« Le choix d’avoir des thèmes distincts permet d’accorder l’attention voulue à chacun de ces aspects importants, même s’il nous faut recouper certaines idées plus tard lorsqu’elles touchent à plus d’un domaine », explique Mélanie Nadeau.

Le sondage a suscité plus de 150 réponses, et plusieurs groupes de discussion ont ensuite été formés. « Nous réunirons tout le monde au début de juin pour résumer toutes ces idées et obtenir les derniers commentaires, indique Mme Nadeau. Et puis nous utiliserons sans doute un certain nombre de ces idées pour mieux définir les priorités de notre plan stratégique pour 2030. »

Port de Everett

Le Port d’Everett continue de nettoyer et de revitaliser ses propriétés riveraines, en se concentrant actuellement sur la zone internationale du port maritime qui accueillera en cours d’année le nouveau terminal Norton d’une valeur de 36 millions de dollars.

« En partenariat avec le Département d’écologie de l’État de Washington, nous adoptons une approche stratégique et holistique pour combiner le nettoyage, la restauration de l’habitat et le réaménagement de la propriété afin de favoriser les activités portuaires ou les partenariats avec des acteurs privés », explique Erik Gerking, directeur des programmes environnementaux du port.

La propriété de 16 hectares du terminal Norton acquise en 2019 fait partie de plusieurs anciens sites industriels en cours de nettoyage et de réhabilitation environnementale dans le cadre de l’initiative Puget Sound de l’État de Washington.

« Nous avons aussi injecté plus de 150 millions de dollars pour moderniser nos installations maritimes depuis dix ans afin de maximiser la réutilisation des terres, de favoriser le caractère écologique du port maritime et d’accroître la capacité de manutention des marchandises », explique la directrice des communications et du marketing du port, Catherine Soper. « Compte tenu des problèmes actuels de la chaîne d’approvisionnement, on peut dire que ce nouveau terminal de fret arrive à un moment où la demande est très forte. »

Le renouvellement de l’espace riverain s’avère incontournable. « Il s’agit d’un port urbain limité par la géographie, explique M. Gerking. Et c’est le dernier morceau de front de mer industriel à proximité des eaux profondes et de nos terminaux existants. »

Grâce à son approche équilibrée, le port exploite également une grande marina publique et des aménagements à usage mixte qui font de ce secteur une destination populaire. Dans le cadre du projet du terminal Norton, on a consacré près de 600 000 dollars à l’amélioration de la plus grande rampe de mise à l’eau dans cet État. Ces fonds découlent d’une politique volontaire consistant à consacrer 2 % du coût de chaque projet d’infrastructure en zone littorale à l’amélioration des accès publics.

Chef de file de la restauration des habitats, le Port d’Everett met la touche finale à un projet d’estuaire de 142 hectares faisant partie d’un talus d’atténuation qui profitera aux saumons et à d’autres espèces sauvages. « Historiquement, cet estuaire a été largement endigué pour créer des terres agricoles, explique M. Gerking. Une restauration est donc en cours pour aménager un marais côtier permettant aux jeunes saumons de prendre suffisamment de vigueur afin de survivre à l’océan Pacifique. »

Port of Corpus Christi Authority

S’appuyant sur son leadership actuel parmi les principales passerelles énergétiques des États-Unis, l’Administration portuaire de Corpus Christi explore les possibilités élargies de production d’hydrogène et de ses dérivés dans son secteur portuaire.

« Le marché énergétique mondial connaît un virage majeur et, dans un tel contexte, nous réévaluons notre place afin de conserver notre position prédominante. En ce sens, nous avons clairement exprimé nos aspirations, en tant que port ayant une responsabilité en gestion des terres, pour travailler avec des intérêts privés afin de nous positionner et de devenir un carrefour de calibre mondial pour l’hydrogène », affirme Jeff Pollack, directeur des stratégies et du développement durable au sein de l’Administration portuaire de Corpus Christi.

Cette dernière collabore avec le National Energy Renewal Lab (NERL) aux États-Unis sur les aspects techniques de projets d’hydrogène à partir de diverses matières premières (notamment le gaz naturel) en misant sur la captation connexe du carbone à stocker ou à utiliser.

En mai, le NERL a réalisé une étude sur le potentiel de production d’hydrogène et la demande pour cette énergie dans un rayon de 80 kilomètres autour du port. « Il est clair que la demande globale des marchés internationaux, auxquels nous sommes déjà connectés, est beaucoup plus importante que la demande régionale, explique M. Pollack. Cela réaffirme notre mission de liaison entre les intérêts commerciaux et ces marchés étrangers. »

L’immense intérêt des marchés étrangers a d’ailleurs incité l’Administration portuaire à demander une deuxième analyse du NREL pour étudier le couplage de la production d'hydrogène avec les turbines éoliennes extracôtières.

« Nous analysons environ sept scénarios différents, qui vont de la production d’hydrogène sur des turbines individuelles à la production centralisée sur une plateforme extracôtière, en passant par le transfert et le stockage à terre, explique M. Pollack. L’aspect le plus distinctif de cette analyse est que nous examinons cette question sur une échelle ajustable, plutôt que d’envisager un projet pilote qui serait ensuite reproduit à grande échelle. »

Termont

Filiale de LOGISTEC, la société Termont qui exploite un terminal intermodal au Port de Montréal a amorcé il y a quatre ans la conversion de quelques-uns de ses camions diésels vers le mode hybride diésel-électrique, en vue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Avec le soutien financier du gouvernement du Québec, Termont est devenue, un an plus tard, le premier exploitant portuaire sur la planète à convertir à l’hybride l’ensemble de sa flotte de véhicules.

« L’électrification est un projet clé pour l’avenir de Termont et de notre industrie », affirme le directeur général de Termont Montréal, Julien Dubreuil.

En convertissant au mode hybride diésel-électrique la totalité de ses 57 tracteurs de manutention au sein du terminal, Termont a réussi à éliminer jusqu’à 30 tonnes d’émissions de GES par véhicule annuellement, ce qui représente une amélioration considérable de la qualité de l’air.

Grâce à la même technologie marche-arrêt automatique que l’on retrouve désormais à bord de nombreuses voitures, le moteur s’arrête dès que le tracteur est immobilisé, ce qui évite la production d’émissions normalement générées dans l’intervalle. Les manœuvres opérationnelles sont désormais assurées par l’énergie électrique (et plus écologique) des véhicules.

D’après les données colligées durant la phase pilote de cette initiative, le temps de fonctionnement des moteurs a diminué de 46 %, entraînant ainsi des économies de carburant de l’ordre de 26 % en plus des réductions d’émissions de CO2, d’oxydes d’azote et d’autres matières particulaires fines.

La société déploie également d’autres efforts en matière de durabilité, notamment grâce à l’ajout d’une quatrième grue navire-terre à son terminal Viau afin d’améliorer l’efficacité des opérations de chargement et de déchargement. En outre, la société a accru sa capacité et sa durabilité grâce à l’installation d’un pont portique sur rails en remplacement des grues alimentées au diésel, qui émettent plus de GES. Le pont portique facilite le transbordement direct entre le réseau ferroviaire du terminal et l’empilement de conteneurs, ce qui réduit le déplacement des conteneurs à l’aide de camions.

« Termont continue de favoriser les gains d’efficacité pour le bien des clients, de la collectivité et de l’environnement », ajoute M. Dubreuil.

Administration portuaire Prince Rupert

L’Administration portuaire de Prince Rupert a célébré l’achèvement de son projet de restauration de l’habitat d’un marais maritime, à la fin avril. Ce projet de près de 4 millions de dollars mise sur la revitalisation de la zone municipale de Seal Cove.

« En collaboration avec la Ville de Prince Rupert, nous avons transformé une zone dégradée par une longue exploitation industrielle en restaurant son écologie grâce à un habitat riverain, des berges enrochées et de la végétation, ainsi qu’une série de bancs de zostères transplantés en zones de marée et intertidales », explique Ken Veldman, vice-président des affaires publiques et du développement durable de l’Administration portuaire de Prince Rupert. « Nous avons également restauré une partie d’un ruisseau voisin qui était auparavant canalisé. »

En s’associant à la Ville, l’Administration portuaire de Prince Rupert a pu en même temps développer la zone pour en faire un atout récréatif avec des sentiers, de l’éclairage et des bancs publics.

L’Administration portuaire a entrepris ce projet pour compenser les perturbations de l’habitat du poisson durant la construction du corridor de connexion Fairview Ridley. La route portuaire réservée et les embranchements ferroviaires supplémentaires permettront de répondre à l’accroissement du trafic de conteneurs du terminal Fairview.

« Ce corridor privé permettra à tous les camions transportant des conteneurs vers le port d’éviter les routes provinciales et municipales dans les environs de Prince Rupert », explique M. Veldman.

En plus de réduire l’usure des infrastructures publiques, le corridor contribuera à retrancher environ 15 kilomètres de l’itinéraire, diminuant ainsi les émissions des camions.

Il faudra de trois à cinq ans pour l’établissement complet du marais maritime. « Nous participerons à la surveillance critique pendant cette période pour nous assurer que le projet atteint les objectifs. La Ville de Prince Rupert continuera à s’en occuper ensuite », conclut M. Veldman.