À la fin de septembre et après 34 années dans l’administration publique, Craig H. Middlebrook quitte son poste d’administrateur adjoint de la Great Lakes St. Lawrence Seaway Development Corporation. Sa décision survient au terme de 27 années de service consacrées à l’organisme, qu’il dirigeait depuis un peu plus de cinq ans en plus d’un mandat antérieur, soit sept ans et demi au total.
« Il n’y a jamais de moment parfait pour partir, mais la Voie maritime est en très bonne posture à l’heure actuelle si l’on considère les réalisations ainsi que les perspectives, dit-il. Et il faut dire aussi que j’ai vraiment hâte de me consacrer davantage à la cuisine et à la boulangerie, particulièrement pour préparer des baguettes! »
Le président de l’Alliance verte, David Bolduc, reconnaît le travail accompli par M. Middlebrook au sein du programme depuis sa création, que ce soit comme membre actif et dévoué au conseil d’administration ou dans diverses initiatives. « Franchement, les gens aussi engagés, ça ne court pas les rues, admet M. Bolduc.
C’est sûr que son énergie positive et sa volonté d’accomplir des choses nous manqueront énormément.
Même si M. Middlebrook aurait bien aimé mener à terme quelques autres projets, il sait pertinemment que l’organisme est entre bonnes mains sous la gouverne de l’ancien directeur de Port Milwaukee, Adam Tindall-Schlicht, qui prend la barre comme nouvel administrateur. Du reste, la Voie maritime n’a jamais été dans un état si enviable depuis son inauguration, en 1959. « Au cours des 13 dernières années, les instances américaines et canadiennes responsables de la Voie maritime y ont investi 925 millions de dollars américains pour restaurer et moderniser les infrastructures afin que nous puissions réaliser notre mission d’assurer la circulation des navires efficacement, en toute sécurité et de manière durable sur le plan environnemental », explique-t-il.
Middlebrook est heureux de voir le nouveau programme d’infrastructures de la Voie maritime remplacer l’ancien programme de renouvellement des actifs (Asset Renewal Program), qui nécessitait chaque année l’approbation bipartisane des élus du Congrès des États-Unis. « Heureusement, nous avions quand même obtenu les autorisations de financement demandées au cours des 11 dernières années, mais il y avait toujours de l’incertitude. Dorénavant, les sommes font partie intégrante du budget de l’organisme dans le cadre de ses dépenses annuelles », précise-t-il.
Il souligne également la fiabilité presque à toute épreuve du réseau. « Et ça a toujours été le cas pendant les 27 années où j’étais là. C’est vraiment remarquable que des infrastructures ayant un tel âge et qui sont soumises à de telles conditions climatiques permettent le fonctionnement optimal en continu du réseau. Il faut lever notre chapeau à nos ingénieurs ainsi qu’aux gouvernements canadien et américain pour cela. »
Il se réjouit par ailleurs d’avoir pu assister à la cérémonie d’inauguration du nouveau centre des visiteurs la veille même de son départ à la retraite. Le centre accueillera les visiteurs aux écluses U.S. Eisenhower, à Massena (New York).
Photos: Facebook de GLSLSDC
Je suis particulièrement fier de la construction de ce centre, qui permettra de mieux raconter l’histoire de la Voie maritime et de faire valoir son importance tant au Canada qu’aux États-Unis.
Middlebrook n’hésite pas à souligner la collaboration sans précédent de part et d’autre de la frontière, qui a contribué au transit de plus de 38 millions de tonnes métriques de marchandises annuellement le long de la Voie maritime, ce qui représente 35 milliards de dollars américains en activité économique et plus de 237 000 emplois.
« Il faut non seulement assurer la coopération entre les gouvernements fédéraux des deux côtés de la frontière, mais aussi celle de huit États et de deux provinces. C’est là l’un des plus grands défis de la Voie maritime, reconnaît-il. Tout cela s’est quand même fait en douceur malgré les difficultés liées à la pandémie de COVID‑19, ce qui témoigne véritablement de la résilience du réseau comme élément de cohésion pour la fiabilité du transport. »
Pourtant les choses n’ont pas toujours été ainsi, ajoute-t-il. « Je dois souligner à grands traits la contribution de Guy Veronneau, qui a été le premier président de la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent, à l’époque de la commercialisation du volet canadien, en 1997, rappelle M. Middlebrook. Les États-Unis avaient beaucoup de questions à soulever sur le fonctionnement éventuel, et il avait compris que si nous voulions permettre à la Voie maritime d’aspirer à un niveau stratégique au-delà des opérations quotidiennes, il faudrait que les deux instances de la Voie maritime collaborent et coopèrent beaucoup plus. »
Il se souvient des démarches de M. Veronneau pour permettre au Corps of Engineers de l’armée américaine d’évaluer la Voie maritime dans son intégralité. « Je dois dire que ce fut un moment historique dans l’existence de la Voie maritime, et c’est ce qui a finalement permis la publication d’un rapport chapeauté par sept organismes, en 2007, c’est-à-dire les deux instances administratives de la Voie maritime, en plus de Transports Canada, du Département américain des transports, du Corps of Engineers de l’armée américaine, d’Environnement Canada et du U.S. Fish and Wildlife Service », rappelle-t-il.
Le mot d’ordre de l’ex-administrateur adjoint et nouveau retraité a toujours été de préserver la qualité des relations et de les consolider. « Il faut y mettre du temps et des efforts, mais ça vaut la peine en fin de compte », dit-il.
Middlebrook se dit maintenant particulièrement heureux que les deux organismes responsables de la Voie maritime se soient engagés à collaborer avec le Volpe Center afin de moderniser la gestion du trafic maritime à l’aide du nouveau système VIS (Voyage Information System).
« Il y a de cela 20 ans, la Voie maritime a servi de banc d’essai à l’utilisation du système d’identification automatique (SIA) pour la circulation maritime à l’aide de données GPS différentielles et d’une interface écran pour transmettre en temps réel des données de localisation ainsi que d’autres renseignements, comme les conditions actuelles et météorologiques, précise M. Middlebrook. Désormais, nous examinons les systèmes de gestion du trafic aérien dans le secteur aéronautique pour voir comment appliquer ces concepts afin de prédire de façon dynamique le parcours d’un navire et son arrivée à destination. »
Middlebrook rappelle que les deux instances administratives de la Voie maritime entretenaient déjà une étroite collaboration lorsque l’Alliance verte a été créée, il y a 15 ans. Selon lui, il était dans l’ordre des choses de produire des résultats conjoints sur les progrès environnementaux pour l’ensemble du réseau afin d’obtenir la certification de l’Alliance verte. »
« Nos processus opérationnels sont véritablement intégrés. Même nos réglementations sont émises conjointement », dit-il.
Étant donné cette excellente collaboration, il ne restait qu’à trouver la meilleure façon de mesurer équitablement nos efforts environnementaux. Les différences notées initialement à propos de ce que l’un ou l’autre faisait de mieux ont fini par se niveler.
Et M. Middlebrook se dit plutôt serein au moment de laisser derrière lui les affaires de la Voie maritime. « J’ai eu la chance de travailler durant 34 ans au sein d’un établissement public voué au bien commun, où j’ai pu accomplir des choses significatives en collaborant avec des gens que j’admire et que je respecte du côté américain et du côté canadien, dont plusieurs sont devenus des amis, dit-il. N’est-ce pas ce qu’on appelle une belle carrière? »
Son père, qui était ingénieur électricien et un homme pragmatique, avait toujours été impressionné que son fils ait réussi à trouver un emploi parfaitement en phase avec ses études en droit, en sciences politiques et en lettres françaises.
« Travailler à la Voie maritime, c’était l’emploi rêvé, admet M. Middlebrook. Je serai toujours reconnaissant à l’ancienne administratrice Gail McDonald, qui est décédée en janvier 2020, de m’avoir invité à ses côtés lorsqu’elle avait été nommée à la U.S. Seaway par l’ancien président Bill Clinton, après notre collaboration à l’Interstate Commerce Commission. »
Craig H. Middlebrook a commencé au sein de l’organisme en tant qu’avocat en chef adjoint, avant de devenir peu après chef de cabinet puis administrateur adjoint. Il a travaillé au service de cinq présidents durant son séjour à la Voie maritime américaine.
Je sais que ça fait un peu cliché, mais ce qui me manquera le plus, ce sont les gens!
« Il était parfois difficile de traiter avec autant d’instances différentes, mais il en résulte une approche collaborative qui favorise les coalitions et aussi de nombreuses amitiés personnelles et professionnelles. »
D’ailleurs, certains de ses amis auront peut-être l’occasion de passer chez lui pour admirer son tout nouveau four à bois dans l’arrière-cour. « J’adore la cuisine et la boulangerie, et particulièrement le pain français, et on me dit que je suis devenu plutôt bon dans ce domaine, dit-il. Voilà à quoi j’ai l’intention de me consacrer, en plus de passer du temps avec mon épouse Stacey, notre chienne Lucy et nos deux chats Meezer et Winky. »
Véritable francophile, il envisage aussi de voyager davantage en compagnie de son épouse, de son fils Henry et de sa fille Ella pour se rendre plus souvent en France où il a vécu un certain temps, ainsi qu’au Québec où il a plusieurs amis francophones. « J’adore vraiment tout ce qui touche à la langue française, à la culture française et, il faut bien le dire, à la cuisine française, surtout le pain…».
Ce contenu n'est pas disponible, car certains cookies sont bloqués.
En cliquant sur ce lien, vous consentez à ce que Youtube puisse récolter des données sur vous à des fins de ciblage. Le contenu de la vidéo sera affiché.