Dès ses débuts, le programme de certification environnementale Green Marine Europe a suscité un vif intérêt auprès des chantiers maritimes européens. Green Marine Europe travaille de concert avec l’Alliance verte pour développer les indicateurs de performance pour ce secteur.
En juin 2022, Green Marine Europe a organisé une table ronde dans le cadre d’Euromaritime, à Marseille, afin de mieux juger de l’intérêt en ce sens. « De toute évidence, les exploitants de chantiers maritimes étaient très enthousiastes à propos du lancement éventuel de ce volet du programme environnemental », explique Romain Benoît, responsable des activités de liaison de Green Marine Europe.
« Les exploitants sont pleinement conscients que la population a des attentes à leur égard pour favoriser la protection de l’environnement, même si leur secteur d’activité n’a pas une grande visibilité publique. D’ailleurs, leurs employés entretiennent les mêmes attentes en ce sens, souligne M. Benoît. Et la réglementation de l’Union européenne se resserre également, sans compter les exigences supplémentaires qui sont prévues prochainement. »
Il se dit d’ailleurs reconnaissant à Boris Federovsky, conseiller technique et économique à la retraite du Groupement des industries de construction en activités maritimes (GICAN) et membre actuel du comité directeur de Green Marine Europe, d’avoir suscité l’intérêt des exploitants de chantiers maritimes envers le programme.
Certains armateurs européens souhaitent eux aussi l’instauration d’indicateurs de performance pour les chantiers maritimes. « Il y en a, comme Louis Dreyfus Armateurs, qui voudraient ainsi pouvoir mettre en valeur leur volonté de privilégier les meilleures pratiques environnementales pour l’entretien, la réparation et la modernisation de leurs navires », explique M. Benoît.
Le groupe de travail de Green Marine Europe chargé d’élaborer les indicateurs de performance se compose de représentants de chantiers maritimes des Pays-Bas, d’Espagne, d’Allemagne, d’Italie, du Portugal et de France.
Nous prévoyons avoir des critères définitifs cet été pour les indicateurs des chantiers maritimes, et annoncer à la mi-octobre les noms des chantiers maritimes participants qui devraient rendre compte de leur performance environnementale dès 2024.
Les discussions ont commencé en septembre dernier à l’occasion de réunions mensuelles virtuelles, où il a été question des premiers indicateurs de performance sur l’harmonisation des usages, les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques, ainsi que sur de la gestion des matières résiduelles. À la mi-avril, deux rencontres d’une demi-journée ont eu lieu en personne aux chantiers maritimes de la Ciotat (propriété de Monaco Marine), notamment au sujet de l’élaboration d’indicateurs sur la prévention des déversements, les relations avec la communauté et les pratiques exemplaires en matière d’environnement. « Nous en sommes encore à déterminer si l’indicateur de performance sur le leadership environnemental sera facultatif ou obligatoire dès le lancement », ajoute M. Benoît.
Une partie importante des discussions a porté sur la définition même d’un chantier maritime, afin de tenir compte de la réalité européenne tout en l’harmonisant au programme nord-américain de l’Alliance verte. « C’est pourquoi nos communications régulières avec la directrice de programme de l’Alliance verte en Amérique du Nord, Véronique Trudeau, sont si importantes », affirme M. Benoît.
« Nous voulons également tenir compte du fait que de nombreux chantiers maritimes européens ont déjà la certification ISO 14001, et valider celle-ci à l’aune de certains critères de Green Marine Europe pour éviter que les participants aient à évaluer en double certains aspects de leurs efforts environnementaux », ajoute-t-il.
Il existe une autre préoccupation liée à la directive sur les émissions industrielles de l’Union européenne pour les revêtements marins, en ce qui concerne la portion sur les émissions de solvants. Le document de référence sur les meilleures techniques disponibles (BREF) portant sur les composés organiques volatils (COV) doit être révisé cette année. À cet égard, les parties prenantes de l’industrie ont formulé leurs commentaires, mais on ne sait pas encore comment les régulateurs pourraient modifier ce document quant à la gestion des différents types de COV dans une installation, ou quant à leur quantité. À l’heure actuelle, les chantiers maritimes d’une certaine taille sont tenus de déclarer les types et la quantité de polluants qu’ils ont transportés vers des installations de recyclage ou de traitement des déchets.
À l’instar de ce qui se fait en Amérique du Nord, l’équipe de Green Marine Europe étudie les lois déjà en vigueur au sein de l’Union européenne, conformément aux directives de l'UE, mais aussi les lois régionales et municipales qui devraient être prises en compte, que ce soit pour la conformité réglementaire au niveau 1 du programme, ou pour s’assurer que les niveaux 2 à 5 soient suffisamment exigeants tout en demeurant réalisables.
« Peut-être devrons-nous modifier certains termes déjà utilisés par les chantiers maritimes nord-américains afin qu’ils soient plus significatifs pour nos participants européens. Toutefois, nous cherchons surtout à avoir un cadre, des indicateurs et des critères communs sur les deux continents, conclut M. Benoît.
L’objectif, c’est que Green Marine Europe s’arrime avec le programme de l’Alliance verte en Amérique du Nord dans un souci de cohérence, et qu’on puisse ajouter ou réviser ultérieurement certains critères en tandem, dans la mesure du possible.
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Des critères distincts pour les chantiers maritimes participant à l’Alliance verte
Un éventail de mesures pour minimiser l’empreinte écologique des sites de réparation et d’entretien