Par Julie Gedeon

Des projets pilotes envisagés dans plusieurs pays pour élargir l’Alliance verte

Plus loin encore!

L’Alliance verte a lancé des projets pilotes pour évaluer la faisabilité d’élargir son programme de certification environnementale en Australie, et s’implanter au Mexique ainsi qu’aux Bahamas.

« Notre programme a acquis une reconnaissance internationale depuis le lancement de Green Marine Europe il y a quatre ans, et la participation ne cesse de s’accroître en Amérique du Nord. Voilà que d’autres régions du monde manifestent aussi leur intérêt », affirme le président-directeur général d’Alliance verte internationale, David Bolduc.

« Je me plais à croire que cet élan témoigne d’un attrait pour les principes fondamentaux de l’Alliance verte : inclusion, transparence et rigueur. Il y a une volonté de se doter d’un cadre clair pour témoigner des améliorations durables auprès des collectivités et des intervenants, qui se montrent de plus en plus exigeants au chapitre de la responsabilité environnementale. »

Ces projets pilotes permettront d’examiner les ajustements éventuellement nécessaires pour maintenir des exigences suffisantes à chaque niveau dans d’autres régions du monde, au-delà de la réglementation applicable.

« Comme d’habitude, nous faisons preuve de diligence pour tester la validité et la flexibilité de notre modèle, qui a fait ses preuves à maintes reprises en Amérique du Nord et qui a été exporté avec succès en Europe, explique M. Bolduc. Ce qui est formidable, c’est que nous avons intégré l’obligation pour tous nos participants de respecter les mêmes normes élevées, tout en reconnaissant que les priorités et les réglementations environnementales peuvent varier d’une région à l’autre, ou selon les catégories d’exploitation. »

Ces initiatives s’inscrivent dans le sillage d’investissements importants en temps et en argent pour instaurer le Guide intelligent de l’Alliance verte. « Nos participants utilisent cet outil en ligne pour remplir leur autoévaluation annuelle. C’est une application suffisamment flexible pour que nous puissions préciser des critères selon les régions ou les particularités des participants, précise M. Bolduc. Nous avons dû tenir compte de cet aspect lorsque nous avons élargi l’outil aux participants de Green Marine Europe. »

Au total, cinq sociétés maritimes participent aux projets pilotes lancés en juillet.

Il s’agit de deux administrations portuaires et d’un exploitant de traversiers en Australie, d’un chantier naval aux Bahamas, et du principal exploitant de terminaux à conteneurs au Mexique. « Pour ces entreprises, les projets pilotes sont l’occasion de tester gratuitement le programme et de constater d’elles-mêmes les ressources et le temps nécessaires, ajoute M. Bolduc. En retour, ils nous donnent l’information détaillée dont nous avons besoin pour faire les ajustements nécessaires. »

Dans les faits, l’Alliance verte est présente en Australie depuis déjà une dizaine d’années puisque des navires du groupe canadien CSL y sont certifiés depuis 2015 par l’entremise de sa filiale CSL Australia. « L’Australie est donc un choix logique pour sonder l’intérêt en vue d’une éventuelle expansion du programme, confirme David Bolduc. Au début de novembre 2023, j’avais parlé de l’Alliance verte à la conférence Interferry, à Hobart. Et j’avais constaté un intérêt senti en visitant différents ports et entreprises maritimes à Sydney, à Melbourne et à Brisbane. »

D’ailleurs, le Port de Brisbane et le Port de New South Wales participent à ces projets pilotes. Selon la responsable principale des questions environnementales de ce dernier, Christa Sams, ce projet a permis à l’administration portuaire d’évaluer sommairement sa performance par rapport aux pratiques exemplaires mondiales, et de recenser certains domaines à améliorer pour le développement durable.

« Au fil du projet pilote, nous avons pu non seulement cibler nos points forts dans ce domaine, mais aussi les aspects qui restent à améliorer pour demeurer un chef de file du développement durable en Australie, dit-elle. Nous avons déjà retenu quelques avenues, notamment l’exploration de nouvelles stratégies de sensibilisation auprès des collectivités, ou encore la possibilité de détourner et de réduire les déchets. »

Nous avons déjà retenu quelques avenues, notamment l’exploration de nouvelles stratégies de sensibilisation auprès des collectivités, ou encore la possibilité de détourner et de réduire les déchets. 

Christa Sams, Port de New South Wales

Toujours en Australie, la National Roads and Motorists’ Association a également pris part au processus pour son service de traversiers. Le directeur de l’exploitation au volet maritime de l’Association, Nigel Ellsmore, estime que l’entreprise est enthousiaste à l’idée de collaborer avec l’Alliance verte pour enfin faire reconnaître l’importance qu’elle accorde à la durabilité de l’environnement.

« Nous voulions trouver un organisme d’accréditation réputé et indépendant qui s’appuie sur une méthodologie rigoureuse, explique-t-il. La certification de l’Alliance verte favorisera l’amélioration des pratiques durables, ainsi que l’engagement pour la durabilité dans l’ensemble des activités du Manly Fast Ferry. »

Deux autres intéressés ont aussi communiqué avec l’Alliance verte en lien avec son programme environnemental, soit SSA Marine México du Port de Manzanillo, ainsi que le chantier maritime de Grand Bahama. « Nous avons pensé qu’il serait intéressant d’évaluer le degré de facilité pour les intégrer au programme », précise M. Bolduc.

Selon la directrice des relations gouvernementales et des affaires publiques de SSA Marine México, Ana María Camacho Carranza, la mise en œuvre du processus de certification sera très stimulante au terminal à conteneurs spécialisé.

Nous pourrons pousser nos niveaux de conformité au-delà de la réglementation actuelle en normalisant nos mesures d’amélioration continue dans ces installations d’envergure au Mexique.

Ana María Camacho Carranza, SSA Marine México

SSA Marine est déjà bien au fait des critères nord-américains de l’Alliance verte puisque 21 de ses terminaux aux États-Unis sont déjà inscrits au programme de certification.

Si aucune modification importante n’est requise, le conseil d’administration de l’Alliance verte pourrait entériner l’accès au processus de certification en Australie, au Mexique et aux Bahamas dès 2025.

La directrice de programme de l’Alliance, Brittney Blokker, a collaboré étroitement avec les administrations portuaires et l’exploitant de traversiers en Australie, ainsi qu’avec le chantier de Grand Bahama, ce qui lui a permis de découvrir d’autres contextes réglementaires.

À titre d’exemple, l’Australie est un leader mondial pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces aquatiques envahissantes.

Cela pourrait susciter des ajustements à un éventuel indicateur de performance australien sur cette question, et peut-être contribuer à élever la barre pour tous les participants de l’Alliance verte à l’avenir.

« Ce qui me surprend le plus, c’est de voir à quel point toutes les entreprises maritimes engagées dans ces projets souhaitent être proactives dans leurs efforts environnementaux à l’instar de nos participants actuels, ajoute Mme Blokker. Elles veulent se distinguer dans leurs marchés grâce à nos conseils et à nos ressources, et c’est tout à fait conforme à l’esprit de l’Alliance verte. »

L’Alliance profite également de cette occasion pour tester son programme dans certains ports européens.

Nous avons toujours eu l’intention d’inclure aussi les ports et les terminaux dans notre programme Green Marine Europe qui actuellement ouvert aux compagnies maritimes et aux chantiers navals, mais nous savons qu’il y a encore du travail à faire pour adapter notre programme aux réglementations déjà strictes en vigueur dans les ports de l’Union européenne.

David Bolduc, Alliance verte

Les résultats de la phase initiale des projets pilotes devraient être disponibles d’ici la fin de l’année. « Il faut se pencher sur la terminologie, car de nombreux mots à la mode sont apparus dans le domaine de la durabilité environnementale, et certains sont interchangeables ou s’utilisent différemment selon les régions, explique Mme Blokker. Nous voulons vraiment nous assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde lorsqu’il est question de réglementation environnementale et d’améliorations mesurables. »

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